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Burundi: les Etats-Unis demandent à leurs ressortissants de quitter le pays

Les Etats-Unis ont ordonné dimanche à leurs ressortissants de quitter le Burundi. Le pays est plongé dans une profonde crise politique depuis le coup d'Etat avorté de mai dernier.

13 déc. 2015, 17:02
Dans plusieurs quartiers, les habitants ont accusé les forces de l'ordre d'avoir arrêté vendredi tous les jeunes qu'ils rencontraient et de les avoir exécutés.

Les Etats-Unis ont demandé dimanche à leurs ressortissants de quitter "aussi rapidement que possible" le Burundi. Ce pays est en proie aux pires violences depuis un coup d'Etat manqué en mai dans ce pays plongé dans une profonde crise politique.

Dans un communiqué, le département d'Etat a ordonné au personnel américain qui n'est pas indispensable ainsi qu'à leur famille, de quitter le pays, recommandant également à tous les Américains "de ne pas se rendre au Burundi et à ceux qui s'y trouvent de partir aussi rapidement que possible".

L'organisation Human Rights Watch (HRW) a exigé dimanche une enquête "sérieuse et indépendante" sur la tuerie qui a fait près de 90 morts vendredi à Bujumbura. Elle a dénoncé "le plus grave incident depuis le début de la crise" au Burundi à la fin avril.

Le porte-parole de l'armée burundaise, Gaspard Baratuza, a annoncé samedi que 87 personnes - 79 "ennemis" et huit soldats - avaient été tués vendredi lors des attaques coordonnées de trois camps militaires au Burundi.

Un premier bilan des militaires avait fait état vendredi de douze rebelles tués et 21 capturés. Mais samedi matin, des habitants de Bujumbura avaient découvert horrifiés une quarantaine de corps au moins dans les rues de quartiers réputés pour leur opposition au président Pierre Nkurunziza.

Experts extérieurs

"Une enquête sérieuse et indépendante devrait être lancée d'urgence pour établir les circonstances exactes de ces meurtres", a déclaré dimanche dans un communiqué Carina Tertsakian, chercheuse en charge du Burundi à HRW.

"Il s'agit de loin de l'incident le plus grave et qui a causé le plus grand nombre de victimes depuis le début de la crise", s'est alarmée l'ONG. Celle-ci a demandé qu'en raison de "la politisation et la corruption" qui gangrènent le système judiciaire burundais, des "experts" viennent "de l'extérieur pour assister" les enquêteurs burundais.

"Rafle" dénoncée

Dans plusieurs quartiers, les habitants ont accusé les forces de l'ordre d'avoir arrêté vendredi tous les jeunes qu'ils rencontraient et de les avoir exécutés sommairement, plusieurs heures après les attaques à l'aube par des insurgés de trois camps militaires de la capitale burundaise.

Certaines victimes avaient les bras liés derrière le dos, d'autres avaient été tués à bout portant, selon des témoins interrogés par l'AFP par téléphone depuis Nairobi.

"La plupart des personnes tuées sont des domestiques ou des jeunes chefs de famille qui étaient chez eux. C'est un carnage, il n'y a pas d'autre mot", s'est indigné un habitant du quartier contestataire de Nyakabiga sous couvert d'anonymat.

Cadavres enlevés à la hâte

HRW dénonce le fait que la police et les autorités locales aient "enlevé les cadavres avant que des enquêtes puissent être menées", en empêchant souvent la population de s'en approcher, selon des témoins qui dénoncent un bilan sous-estimé et une "rafle" de plus de 200 jeunes dans ces quartiers.

Pour l'organisation de défense des droits de l'homme, les attaques menées contre les camps militaires sont "graves" et il appartient au gouvernement de restaurer "l'ordre et la sécurité".

"Mais cela ne justifie d'aucune manière des opérations consistant à tirer sur les habitants des quartiers", a souligné HRW, appelant à ce que les "membres des forces de sécurité responsables rendent des comptes".

Ces violences sont les pires enregistrées au Burundi depuis un coup d'Etat manqué en mai, déclenché par la candidature controversée du président Nkurunziza à un troisième mandat, qu'il a obtenu à l'élection qui a suivi en juillet. Depuis le début des troubles fin avril, des centaines de personnes ont été tuées et plus de 200'000 personnes ont quitté le pays, selon l'ONU.

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