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Brexit: pour la presse romande, l'UE doit retrouver une identité

Les éditorialistes romands voient dans le résultat du référendum britannique de vendredi une obligation de mue pour une Union européenne en mal d'identité. Mais la réforme sera longue, préviennent-ils. Certains relient aussi le Brexit à l'initiative du 9 février 2014.

25 juin 2016, 08:33
Tout comme ceux de Grande-Bretagne, les médias romands ont titré leur Une sur le Brexit.

 

"L'Europe ne peut pas rester les bras ballants, hébétée après la claque, ou alors pire, elle ne peut se complaire dans l'espèce de chantage revanchard qu'elle avait manifesté envers la Suisse il y a deux ans et demi. L'introspection doit être profonde et authentique", analyse samedi 24 Heures dans sa version papier.

Pour la Tribune de Genève, le Brexit pourrait même "représenter une chance pour l'Europe aussi bien que pour la Suisse". Cette sortie peut donner naissance à une "UE plus démocratique, plus sociale et flexible, plus ouverte sur les tiers". Mais le journal lémanique de prévenir que "toute réforme en profondeur s'inscrira dans un temps long, très long. Ce n'est pas celui de l'économie, ni des peuples, dont la patience n'est pas la première vertu".

Réveil des peuples

"Le vote de jeudi ouvrira-t-il la voie à une autocritique et à une reconfiguration politique ?", se demande dans la même veine Le Courrier. "L'heure est à la grandiloquence. Sauf peut être en Suisse. Le vilain petit canard non-européen se sent un peu moins seul, même s'il sait qu'il subira de sérieux dégâts collatéraux".

Pour le journal genevois, "un parallèle peut être tiré entre les raisons qui ont poussé les Britanniques à l'Alleingang et l'isolationnisme suisse: refus d'une technostructure opaque et jugée liberticide".

Dans son édition papier de samedi, La Liberté évoque de son côté "un désaveu cinglant pour l'Union européenne". "Les citoyens du Royaume-Uni ont sonné une forme de réveil des peuples; ils ont dit haut et fort qu'ils ne se reconnaissaient plus dans l'Europe telle qu'elle est devenue depuis son élargissement à l'Est: un club hétéroclite en panne de moteur et de récit fédérateur".

"Déjà-vu"

Le Temps, lui, met en garde la Grande Bretagne sur la difficulté de naviguer seul: "Réussir seul dans un monde fabriqué de connexions multiples est un pari dangereux. La Suisse, qui a négocié des dizaines d'accords bilatéraux pour ne pas rester à l'écart, en sait quelque chose." Et Le Nouvelliste de prédire de "longues négociations coriaces".

"Pour la Suisse qui a vécu ça le 9 février 2014, il y a comme un air de déjà-vu", note le quotidien valaisan. "Les craintes suscitées par la hausse continue de l'immigration ont entraîné les Britanniques comme les Helvètes à remettre en cause leurs relations avec l'Union européenne". "Le Brexit, c'est le 9 février de l'Union européenne et du Royaume-Uni, à l'échelle XXL, lance même 24 Heures.

Unité en question

L'Agefi adopte un ton grave: "Le Royaume-Uni va peut-être y laisser son unité, l'UE aussi, et c'est bien de cela qu'il s'agit: il faudra compter dix ans de détricotage et de brume en Europe. Avec les inconnues inhérentes à ce genre de situation, ce qui ne va certainement pas favoriser la conjoncture globale".

"Quelle Europe voulons-nous ?", se demande pour sa part l'Hebdo. Et de constater amèrement que "l'Europe fiscale, budgétaire et sociale n'existe toujours pas (...) La monnaie est le miroir d'un peuple, elle n'est pas son horizon. La charrue a été mise avant les bœufs", observe l'hebdomadaire.

Enfin pour Le Matin, "le principal problème de l'Europe, c'est qu'elle s'est construite sur un idéal pas toujours compatible avec la volonté populaire (...) Le Royaume-Uni incarne bien cette ambivalence", note-t-il.

Il conclut: "Ce 24 juin 2016, l'Europe a perdu un de ses poids lourds. Alors que la France et l'Italie sont incapables de faire contrepoids, l'Allemagne va se retrouver bien seule comme leader d'un colosse non seulement aux pieds d'argile, mais en plus amputé".

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