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Bélarus: des victimes de torture racontent leurs souffrances

Les témoignages affluent à propos de torture infligée aux personnes arrêtées pour avoir participé à des manifestations contre le président Loukachenko. Les ONG dénoncent des crimes contre l’humanité.

16 sept. 2020, 12:56
Les ONG dénoncent des crimes contre l'humanité contre les manifestants opposés à la réelection contestée du président Alexander Loukachenko au Bélarus (archives).

Trois victimes de torture ces dernières semaines au Bélarus racontent les coups, les cris et les heures passées nus dans des prisons. Ces violations ont été systématiques et constituent des crimes contre l’humanité, ont affirmé mercredi deux ONG dont l’OMCT à Genève.

Visage caché pour ne pas être identifiées, les victimes, deux hommes et une femme, ont tour à tour expliqué à la presse, depuis le siège du Centre Viasna des droits de l’homme à Minsk, leur arrestation pour avoir participé à des manifestations contre le président Alexandre Loukachenko. Les coups ont souvent commencé dans les bus de police eux-mêmes, avant d’être répétés une fois arrivés dans les centres de détention.

 

 

L’une de ces personnes dit qu’elle avait entendu parler de la brutalité des forces de sécurité. Mais «je ne savais pas à quel point», affirme cet homme. Comme la femme, il a été retenu dans une cellule d’une capacité de quatre à cinq prisonniers avec des dizaines d’autres personnes.

Plusieurs victimes ont été contraintes de se déshabiller et ont passé plusieurs heures sans pouvoir changer de position, sous peine d’être frappées, dans des salles surchargées. Elles ont été obligées de signer des documents sans savoir sur quoi ils portaient, sous la menace parfois de chocs électriques.

Plusieurs centaines de cas de torture

Selon le Centre Viasna, plus de 500 témoignages de cas de torture ont été rassemblés. Ces actes peuvent être considérés comme des crimes contre l’humanité parce qu’ils sont désormais répandus un peu partout dans le pays et n’ont pas été menés seulement «par deux policiers», fait remarquer l’un des responsables de cette ONG.

Un avis partagé par l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), établie à Genève. La torture est «systématique» et elle constitue le centre d’une crise des droits humains, pas seulement une question politique, a affirmé son secrétaire général Gerald Staberock.

 

 

Avec d’autres, ces deux ONG demandent au Conseil des droits de l’homme, qui discutera vendredi de la situation au Bélarus lors d’un débat urgent, une investigation internationale. Le système dans ce pays «s’écroule» et «personne ne peut protéger» les victimes, ajoute le responsable de Viasna.

Selon lui, toutes ces violations ont eu lieu dans des sites officiels. Mais certains détenus ont parfois été acheminés loin de leur ville, d’autres ont été maintenus à l’isolement, et des centres de santé ont aussi été utilisés.

Ministère surchargé

Dans les deux premiers jours après le scrutin présidentiel d’août, le ministère de l’Intérieur a été dépassé par les appels de proches de détenus ou de personnes disparues. Des milliers personnes ont été emprisonnées, dont près d’un quart avant même l’élection.

On ne peut pas dire que la situation est sûre pour les victimes.
Un responsable de l’ONG Viasna

Les trois victimes ne font pas face à des poursuites, mais d’autres n’y échappent pas. Elles sont confrontées malgré tout à un impact direct. L’une d’entre elles, un quadragénaire, dit ne plus avoir d’emploi. Son organisation lui a fait savoir qu’elle ne pouvait le conserver.

«On ne peut pas dire que la situation est sûre pour les victimes», précise le responsable de Viasna. Aucune investigation nationale n’a été lancée, dit l’activiste.

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