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La Haute cour d’Australie déclare le recours du cardinal Pell recevable

Condamné pour pédophilie, le cardinal Pell a vu son pourvoi accepté par la justice australienne. La Haute cour a estimé que l’affaire mérite d’être rouverte. C’est sur la base des circonstances de sa précédente inculpation que le cardinal a demandé un nouveau procès.

13 nov. 2019, 08:11
L'affaire de pédophilie dont est accusé le cardinal Pell secoue la société australienne depuis sa révélation. Le cardinal Pell est le plus haut dignitaire de l'église catholique à avoir été condamné. (illustration)

La Haute cour d’Australie a annoncé mercredi qu’elle acceptait d’examiner le pourvoi formé par le cardinal George Pell. Naguère un des prélats les plus puissants du Vatican, le septuagénaire recourait contre sa condamnation pour pédophilie.

L’ex-secrétaire à l’Economie du Saint-Siège avait été débouté en août par la Cour suprême de l’Etat de Victoria (sud) de l’appel contre sa condamnation en mars à six ans de prison pour l’agression de deux adolescents en 1996 et 1997 dans la cathédrale de Melbourne.

 

 

Mgr Pell avait formé en septembre un ultime recours devant la Haute cour, plus haute juridiction du pays, basée à Canberra. Lisant un bref communiqué très procédural, la juge Michelle Gordon a annoncé que cette juridiction examinerait le pourvoi. Aucune date n’a été fixée pour l’audience devant les sept magistrats de la haute juridiction, qui ne devrait pas se tenir avant 2020.

C’est par deux voix contre une que la Cour suprême de Victoria avait rejeté en août l’appel du cardinal australien, qui a toujours clamé son innocence et est actuellement détenu. Cette voix discordante d’un des trois magistrats est au coeur du recours de l’ancien archevêque de Melbourne et Sydney.

Une des victimes décédée

L’affaire oppose un ancien enfant de choeur aujourd’hui trentenaire à Mgr Pell, un homme qui a participé à l’élection de deux papes. Il a également été un des proches conseillers du pape François et a même été impliqué dans la réponse de l’Eglise face aux scandales de pédophilie. La deuxième victime du prélat est décédée en 2014 d’une overdose, sans jamais avoir fait état de l’agression.

 

 

Cathy Kezelman, présidente de la Fondation Blue Knot, une association de soutien aux victimes, a estimé que faire traîner le processus judiciaire ne ferait qu’accroître le traumatisme de la victime qui a survécu, et de «nombreuses autres qui sont dans l’expectative».

Le père de la deuxième victime s’est dit «écoeuré» par la décision de la Haute cour, qui a cependant été saluée par l’archevêque de Sydney Anthony Fisher.

«De nombreuses questions se posent. Et il est normal qu’elles puissent être examinées par notre plus haute juridiction», a-t-il dit dans un communiqué. «Pour le bien de toutes les personnes impliquées dans cette affaire, j’espère que le pourvoi sera examiné le plus tôt possible.»

«Incohérences»

Un porte-parole du cardinal s’est refusé à tout commentaire en invoquant le fait que le dossier était toujours aux mains de la justice.

 

 

Deux des magistrats de la Cour suprême de Victoria avaient décrit le plaignant comme quelqu’un de «très convaincant» qui «n’est clairement pas un menteur, pas un fantaisiste et qui a été témoin de la vérité».

Mais le troisième juge avait estimé que le témoignage de la victime comportait des «incohérences» et qu’il existait une «possibilité importante» pour que Mgr Pell n’ait pas commis de crime.

Cinq chefs d’accusation

Plus haut représentant de l’Eglise catholique condamné pour viol sur mineur, le cardinal a été reconnu coupable en première instance en décembre 2018 de cinq chefs d’accusation, notamment d’avoir imposé une fellation en décembre 1996 à un garçon de 13 ans et de s’être masturbé en se frottant contre un autre.

 

 

Les faits avaient eu lieu dans la sacristie de la cathédrale St Patrick de Melbourne, dont Mgr Pell était l’archevêque. Les deux victimes s’y étaient cachées pour y boire du vin de messe. Deux mois plus tard, Mgr Pell avait poussé un des adolescents contre un mur et lui avait empoigné les parties génitales.

Le cardinal Pell avait connu une ascension fulgurante avant d’entrer en 2013 dans le conseil de neuf cardinaux (C9) chargé d’aider le pape à réformer la Curie, le gouvernement du Vatican. En 2014, il était devenu secrétaire à l’Economie.

Depuis sa condamnation, le cardinal a été relevé de sa fonction de responsable financier du Vatican et a perdu sa place dans le C9.

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