Al’entrée du village coquet de Bakhoun, dans les hauteurs des montagnes libanaises qui surplombent le port de Tripoli, les déchets fument encore, en fin de matinée, malgré la pluie fine. «Les gens les brûlent la nuit pour qu’on ne les voie pas», confie un policier du village. La région de Dennieh, connue, en temps normal, pour ses champs de noyers et ses forêts de pins, suffoque lentement sous les poubelles à moitié carbonisées depuis plusieurs semaines.
La crise préoccupe peu les politiques, accaparés par la finalisation d’un nouveau budget d’austérité visant à renflouer les caisses de l’Etat. Mais l’histoire récente montre que les poubelles peuvent cristalliser les colères des Libanais. Après la fermeture de la principale décharge de Beyrouth, en 2015, des manifestations monstres avaient eu lieu, propulsant la société civile sur le devant de la scène.
Absence de stratégie
A Dennieh, l’histoire se répète. Le propriétaire de la...