L'auteur des attentats de Boston Djokhar Tsarnaev a été formellement condamné mercredi à mort par un juge américain, lors d'une audience chargée d'émotion. Il s'est pour la première fois excusé auprès de ses victimes.
"Je suis désolé pour les vies que j'ai prises, pour les souffrances que j'ai créées, pour les dégâts que j'ai commis", a déclaré d'une voix calme, en anglais avec un léger accent russe, Djokhar Tsarnaev, 21 ans, avant que le juge fédéral George O'Toole ne lui impose formellement la sentence de mort décidée le 15 mai par un jury populaire.
Le jeune musulman d'origine tchétchène a ajouté qu'il espérait la miséricorde d'Allah pour lui, son frère et sa famille. C'était la première fois que l'accusé s'exprimait publiquement depuis les attentats du 15 avril 2013, qui avaient fait trois morts et 264 blessés, dont 17 ont dû être amputés. Il avait abattu un policier trois jours plus tard.
Injection létale
Debout dans la salle d'audience complètement silencieuse du tribunal fédéral de Boston, maigre et pâle, il a aussi salué "la force, la patience et la dignité" de victimes dont, a-t-il dit, il a appris à connaître le nom durant son procès. "Je suis musulman, ma religion est l'islam. Je prie pour qu'Allah ait pitié des (personnes) mortes dans ces attentats."
Le juge O'Toole l'a ensuite condamné à mort "par exécution". Le 15 mai, après quinze heures de délibérations, un jury fédéral l'avait condamné à la peine capitale par injection létale.
"Tu ne feras plus de mal à personne"
Durant l'audience, 24 victimes dont plusieurs amputées ont raconté, certaines en larmes, leurs souffrances, parfois leurs problèmes financiers, et comment leur vie avait changé à jamais depuis les attentats. Plusieurs ont pris Tsarnaev à partie, l'accusant d'être un lâche sans remords.
"La vie est dure. Mais les choix que tu as faits étaient ignobles. Ce que tu as fait à ma fille était répugnant", a lancé Patricia Campbell la mère d'une jeune femme de 19 ans tuée dans les attentats, la voix nouée par l'émotion.
"Au moins, tu ne feras plus de mal à personne", a ajouté son mari, Bill Campbell. Le condamné, vêtu d'une veste noire, écoutait la tête baissée, assis entre ses deux avocates.
"Il a choisi la haine"
"Il aurait pu arrêter son frère, il aurait pu changer d'avis", a aussi déclaré le père de la plus jeune victime tuée, Martin Richard, huit ans.
"Il aurait pu parler à la police. Mais il n'a rien fait pour éviter ça. Il a choisi la haine, la destruction, la mort", a déclaré Bill Richard. "C'est un lâche et il va maintenant mourir pour ce qu'il a fait", a déclaré une autre victime, Elizabeth Bourgault en exprimant l'espoir que Tsarnaev soit à jamais "hanté" par ses actes.
Deux victimes lui pardonnent
Deux victimes ont cependant déclaré pardonner à l'ancien étudiant arrivé enfant aux Etats-Unis, qui avait obtenu la citoyenneté américaine en 2012, et que la défense avait décrit comme un "enfant perdu" sous l'influence de son frère aîné.
Les attentats du marathon de Boston, commis par Djokhar Tsarnaev et son frère aîné Tamerlan, étaient les plus importants dans un espace public aux Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001. Deux bombes artisanales avaient explosé près de la ligne d'arrivée, transformant en carnage un événement très populaire rassemblant des dizaines de milliers de spectateurs. Tamerlan avait été tué quatre jours plus tard par la police.
Le juge a aussi condamné Djokhar Tsarnaev à la réclusion à perpétuité pour plusieurs des accusations retenues contre lui qui n'étaient pas passibles de la peine de mort.
Djokhar Tsarnaev avait été retrouvé caché dans un bateau, dans un jardin, après la mort de son frère. Sur une paroi du bateau, il avait écrit qu'il voulait venger les musulmans tués dans les guerres en Irak ou en Afghanistan.
La peine de mort demeure un sujet sensible au Massachusetts où elle n'a pas été appliquée depuis près de 70 ans. Elle y a été abolie pour les crimes relevant du droit local. La condamnation à la peine capitale est automatiquement passible d'appel. Ces appels pourraient durer au moins dix ans.