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Arrêté après 41 ans de cavale

29 sept. 2011, 11:05

Un meurtre. Une évasion de prison. Un détournement d'avion spectaculaire lors duquel les pirates de l'air forceront les policiers américains à se présenter sur le tarmac de Miami en maillot de bain pour déposer une rançon. Une fuite en Algérie et, enfin, quarante et un ans de cavale... Le scénario aurait peut-être été retoqué par Hollywood tant il paraît surréaliste.

Mais c'est une histoire vraie. Celle du meurtrier George Wright, 68 ans, rattrapé ce lundi par son passé dans une petite ville proche de Lisbonne, où il vivait sous la fausse identité de José Luis Jorge Dos Santos et où il vient d'être arrêté par la police portugaise. Un succès gratifiant pour le FBI, qui avait ressorti son dossier de la poussière en 2002 pour tout reprendre à zéro, soulevant chaque pierre et ne négligeant aucun indice, afin de retrouver sa trace.

L'histoire commence au début des années 1960 dans le New Jersey. George Wright a 19 ans et, déjà, il a mal tourné, en rejoignant une bande de braqueurs qui pratique des vols à main armée. Mais en 1962, lors de l'attaque d'une station-essence à Wall, dans le comté de Monmouth, ce jeune Noir américain aux cheveux coiffés à l'afro tue Walter Patterson, le propriétaire du commerce, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, père de deux enfants. Wright est condamné à une peine de quinze à trente ans de prison et envoyé à l'établissement de Bayside, à Leesburg. Mais en 1970, il s'échappe de sa geôle avec trois autres prisonniers pour réapparaître à Detroit, où il s'enrôle dans l'Armée de libération des Noirs.

Policiers en maillot de bain

Le groupe marxiste, formé d'anciens des Black Panthers, prône la lutte armée pour libérer «la nation noire» de ses «oppresseurs» blancs. Une manière de donner une justification idéologique au meurtre sordide qu'il a commis. La cellule clandestine, qui vit en communauté, décide une action spectaculaire pour récupérer des fonds pour la «cause noire».

C'est ainsi qu'en 1972, déguisé en prêtre et muni d'une fausse identité, George Wright monte à bord d'un avion de la compagnie Delta en partance de Detroit pour Miami. Plusieurs complices, ainsi que sa compagne et sa petite fille de 2 ans, sont à bord. Les malfaiteurs prennent en otages les 86 passagers du vol et font route vers Miami. Là, ils récupèrent une rançon d'un million de dollars apportée par des policiers forcés de se présenter en maillot, en échange de la libération des voyageurs. Wright et ses complices forcent alors les pilotes à faire route vers Boston, avant de s'enfuir vers l'Algérie pour demander asile.

Alger, qui se vit à l'époque comme la capitale idéologique du tiers-monde en rébellion et abrite l'exil du «ministre de l'Information» du parti des Black Panthers, Elridge Cleaver, renvoie l'avion et la rançon, mais donne leur liberté aux pirates de l'air, qui ont, selon la police, passé le voyage à fumer de la marijuana... Après un séjour dont le détail reste mal connu, les membres du groupe armé vont rejoindre la France, où ils seront arrêtés et jugés en 1976, Paris refusant en revanche de les extrader vers l'Amérique. Un seul manque à l'appel: George Wright, qui a réussi à passer, une fois de plus, entre les mailles du filet. A-t-il coulé des jours tranquilles dans le sud du Portugal ou vécu une vie de traqué, hanté par son crime? Sa fille et sa femme étaient-elles avec lui toutes ces années?

Fille de la victime heureuse

Les policiers ne communiquent pas sur ces éléments du dossier. Ce qu'ils racontent, c'est qu'en 2002, quand une force spéciale conjointe de la police de New York et du New Jersey se met en place pour retrouver les fugitifs en cavale, avec l'aide du FBI, George Wright est en tête de liste. «Le FBI n'avait jamais oublié qu'il avait tué un vétéran de la guerre», a confié hier la fille de Walter Patterson, heureuse d'apprendre que «justice puisse enfin être rendue» à son père. Pendant près de neuf ans, une enquête systématique, au cours de laquelle les familles de victimes et les anciens pilotes du vol détourné sont systématiquement interrogés, est relancée. Un portrait-robot du fugitif, tenant compte de son vieillissement, dessiné. Les membres de sa famille sont surveillés, au cas où George Wright chercherait à reprendre contact, un scénario classique même après des années de silence...

Et un jour, l'hameçon mord. Parmi plusieurs adresses à vérifier, l'une se trouve au Portugal, près de Lisbonne. Elle va mener la police portugaise, qui coopère avec le FBI, vers le fuyard. Après vérification, les empreintes digitales sont identiques. George Wright, dont les Américains ont demandé l'extradition pour qu'il rentre purger le reste de sa peine, a été rattrapé par son sombre passé.

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