Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Arctique: le Canada va cartographier le Pôle Nord et y défier la Russie

Le Canada veut prouver que "la dorsale de Lomonossov", située sous le Pôle, constitue bien une avancée du plateau continental canadien. Pour cela, il va va cartographier les fonds marins de l'Arctique pour tenter de défier la Russie avec laquelle il se dispute la souveraineté sur le Pôle Nord.

10 déc. 2013, 14:13
Réagissant à cette annonce, Vladimir Poutine a ordonné mardi d'augmenter la présence militaire russe dans l'Arctique.

Le Canada va cartographier les fonds marins de l'Arctique pour tenter de défier la Russie avec laquelle il se dispute la souveraineté sur le Pôle Nord. Il veut prouver que "la dorsale de Lomonossov", située sous le Pôle, constitue bien une avancée du plateau continental canadien.

C'est au sommet de cette chaîne de montagnes sous-marines qui traverse l'océan Arctique sur 1800 km de long, entre les eaux sibériennes et l'île canadienne d'Ellesmere, qu'une mission russe avait déployé le drapeau russe à l'été 2007, par 4200 mètres de profondeur, à la verticale du Pôle Nord.

A l'époque, cette opération très médiatisée avait mis en valeur la suprématie russe dans le Grand Nord et suscité l'ire du gouvernement canadien de Stephen Harper. Les conservateurs ont fait de la défense de la souveraineté canadienne sur l'Arctique un pilier de leur politique.

"Le Nord est un élément essentiel de l'héritage collectif et de l'avenir du Canada", avec l'objectif d'en "faire une région dynamique, prospère et sûre au sein d'un Canada fort et souverain", a ainsi rappelé lundi la ministre pour le Développement du Nord, Leona Aglukkaq, elle-même d'origine inuit.

Réagissant à cette annonce, Vladimir Poutine a ordonné mardi d'augmenter la présence militaire russe dans l'Arctique. "La Russie s'investit de plus en plus dans cette région d'avenir, y revient et doit y disposer de tous les leviers pour assurer sa sécurité et défendre ses intérêts nationaux", a déclaré le président russe lors d'une réunion au ministère de la Défense.

Dossier déposé à l'ONU

Le gouvernement canadien a présenté lundi le dossier qu'il a déposé vendredi dernier devant la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM).

Cet organe onusien permet aux Etats côtiers de faire reconnaître des droits souverains sur les ressources naturelles des fonds marins du plateau continental, au-delà de la limite des eaux territoriales des 200 miles marins. Ottawa avait jusqu'à vendredi pour déposer ses demandes, étayées par des preuves techniques.

Toutefois, malgré les six années qui se sont écoulées depuis la mission scientifique russe, le gouvernement de M. Harper n'avait pas rassemblé suffisamment de données pour revendiquer auprès de l'ONU la pleine souveraineté sur le point le plus au nord de la planète.

Travaux considérables

Selon la presse, le cabinet de M. Harper a même demandé à la dernière minute aux diplomates chargés du dossier d'y plancher à nouveau pour inclure le pôle Nord au dossier.

"Le Canada a transmis des données préliminaires concernant les limites extérieures de son plateau continental dans l'océan Arctique. Les travaux visant à déterminer l'étendue complète de notre plateau continental dans l'Arctique se poursuivent", a indiqué le ministre canadien des Affaires étrangères John Baird.

Les règlements de la Convention sur le droit de la mer permettant d'amender une revendication initiale, instructions ont été données aux scientifiques canadiens "de compléter la cartographie de la dorsale de Lomonossov", a précisé le ministère des Affaires étrangères.

Il va falloir "entreprendre des travaux scientifiques considérables pour définir les limites extérieures d'un plateau continental de cette taille", a reconnu Ottawa.

Immenses ressources naturelles

En plus de la Russie et du Canada, le Danemark a également revendiqué dans le passé la souveraineté sur le Pôle Nord.

L'intérêt croissant pour cet océan septentrional s'explique par les perspectives grandissantes offertes par la fonte des glaces. Le trafic maritime entre l'Asie et l'Europe pourrait s'accélérer. Par ailleurs, le sous-sol de cette région pourrait contenir 22% des réserves mondiales d'hydrocarbures conventionnelles non découvertes.

Greenpeace a appelé le Canada à renoncer à l'exploitation pétrolière dans le Grand Nord, jugeant que cela "accélérera la crise climatique, sans parler des risques élevés de déversements."

La prospection pétrolière et gazière a déjà débuté côté russe et le géant Gazprom doit lancer la production sur sa plate-forme Prirazlomnaïa que des militants de Greenpeace ont tenté d'escalader en septembre. Le président Vladimir Poutine a par ailleurs annoncé en septembre la réouverture d'une base dans la région pour surveiller le trafic maritime.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias