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Alors que l'Egypte s'embrase, Moubarak réplique par le couvre-feu

La contestation a enflé comme jamais en Egypte hier, proclamé «jour de colère» par l'opposition. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues et ont affronté les forces de l'ordre. Le président Hosni Moubarak a appelé l'armée à la rescousse et a décrété un couvre-feu nocturne.

29 janv. 2011, 08:35

Ce couvre-feu, en vigueur de 18h à 7h dans les trois principales villes du pays, soit au Caire, à Alexandrie et à Suez, a été ensuite étendu à l'ensemble du pays, avant que l'agence de presse officielle Mena n'annule cette deuxième annonce.

Hier en soirée, les rues du Caire étaient encore occupées par des milliers de manifestants, alors que des colonnes de fumée noire s'élevaient sur la ville. Des manifestants avaient mis le feu au siège du Parti national démocrate (PND) au pouvoir en Egypte.

Des camions militaires circulaient hier soir, plus de deux heures après l'imposition d'un couvre-feu dans le centre-ville du Caire. Des militaires faisaient des signes de victoire à la population qui y répondait par des applaudissements. «Nous ne savons pas encore de quel côté est l'armée, si elle est avec nous. Mais il est vrai que nous respectons tous l'armée», a déclaré un manifestant qui marchait avec des milliers d'autres dans le quartier Dokki, deux heures après l'imposition du couvre-feu.

La fin de la prière du vendredi avait sonné comme le début d'un marathon contre le pouvoir. Des milliers de personnes ont pris d'assaut les rues sous les applaudissements nourris des passants pour exiger la fin du régime du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans.

«Liberté!», ont scandé les manifestants, majoritairement des hommes, sous les regards ahuris de policiers déployés avec boucliers et casques près de la célèbre mosquée al-Azhar.

Des protestataires ont mis le feu à deux commissariats. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de canons à eau pour disperser la foule. Au moins cinq manifestants sont morts dans les affrontements, selon des sources médicales, et 1030 blessés. Plusieurs policiers ont été touchés.

L'opposant le plus en vue, Mohamed ElBaradei, l'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a participé aux manifestations, tout comme les Frères musulmans. Rentré la veille dans son pays, Mohamed ElBaradei s'est dit prêt à mener une transition au pouvoir après un éventuel départ d'Hosni Moubarak.

A Alexandrie, deuxième ville d'Egypte, la police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles caoutchoutées pour disperser des milliers de manifestants qui ont incendié le siège du gouvernorat.

Dans la ville de Suez, les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont fait 13 morts et 75 blessés.

Entre-temps, internet et les services de téléphonie mobile, qui ont joué un rôle-clé dans la mobilisation populaire, étaient coupés dans le pays.

Les appels internationaux se multiplient, même parmi les alliés du président Moubarak. Ainsi, Hillary Clinton a haussé le ton hier: elle a invité le président Moubarak à «mettre en œuvre les réformes économiques, politiques et sociales nécessaires». Washington envisage aussi de revoir l'aide, notamment militaire, à l'Egypte.

A Davos, depuis le Forum économique mondial, la chancelière allemande Angela Merkel et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon ont appelé les dirigeants égyptiens à éviter de nouvelles violences et à respecter les libertés de rassemblement et d'information. /ats-afp-reuters

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