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Al-Zawahiri devient le chef

17 juin 2011, 11:14

 

Malgré les réserves que sa personnalité suscite parmi les djihadistes, l'Egyptien Ayman al-Zawahiri, ex-numéro 2 d'al-Qaïda, succède à Oussama ben Laden à la tête de l'organisation, a annoncé hier un communiqué du commandement général de la mouvance terroriste.

Aucun détail n'a été donné sur la procédure de désignation «après consultations», qui intervient au terme du traditionnel deuil musulman de 40 jours, après la liquidation de Ben Laden au Pakistan par les Américains. La semaine dernière, Ayman al-Zawahiri avait pris soin de renouveler son allégeance au mollah Omar, chef des talibans, comme l'avait fait Ben Laden en 1997 à l'égard des protecteurs d'al-Qaïda en Afghanistan et au Pakistan.

Une récompense de 25 millions de dollars

A 60 ans, l'idéologue d'al-Qaïda, qui se cacherait entre ces deux pays, devient l'homme le plus recherché au monde. Le département d'Etat promet une récompense de 25 millions de dollars à toute personne permettant de «neutraliser» celui que les services secrets bulgares avaient laissé filer en 1995, alors qu'il était en tournée en Europe pour renforcer les cellules du Djihad islamique, qu'il dirigeait.

La nomination d' Ayman al-Zawahiri montre que les Egyptiens ont réussi à garder le contrôle de la direction d'al-Qaïda. Mais cet ancien docteur, issu d'une famille bourgeoise du Caire, risque d'être un chef contesté d'une organisation, elle-même affaiblie.

Des attaques plus limitées

«Al-Qaïda au Pakistan et en Afghanistan va rester le lieu où les djihadistes européens iront s'entraîner», affirme un expert, qui souhaite rester anonyme. «Mais contrairement à Ben Laden, al-Zawahiri aura du mal à fédérer l'ensemble des groupes, qui composent la nébuleuse al-Qaïda.» Dans son communiqué, la nouvelle direction rappelle à ses «frères combattants en Irak, Somalie et dans la péninsule arabique» qu'elle poursuivra «sur la même voie» son djihad contre les Américains et Israël, mais les leaders de certaines filiales d'al-Qaïda - au Yémen en particulier - pourraient passer outre ces assurances et contester son autorité. «Al-Zawahiri est loin d'avoir le charisme de Ben Laden», se souvient Nasser al-Bahri, l'ancien garde du corps de l'ex-chef d'al-Qaïda. «Il est autoritaire, le dialogue avec lui est difficile.»

Ce changement pourrait également impliquer un nouveau modus operandi de la part d'al-Qaïda. «Contrairement à Ben Laden, qui cherchait à se concentrer sur des attaques de grande ampleur contre les Etats-Unis, al-Zawahiri, conscient de la faiblesse d'al-Qaïda, privilégie des opérations plus modestes, résultant d'initiatives individuelles», ajoute cet expert.

Autre inflexion possible: Ayman al-Zawahiri est perçu par les services de renseignements occidentaux comme l'homme en charge de certains pays du Moyen-Orient (Liban, Syrie et Egypte) dans lesquels la mouvance compte profiter de l'instabilité née des changements de régime, pour s'y renforcer. «C'est al-Zawahiri qui a reçu en 2009 des membres des brigades Abdallah Azzam du camp de réfugiés libanais d'Ein Héloué, venus pour prêter serment auprès de Ben Laden, mais celui-ci avait refusé de les adouber, les jugeant insuffisamment disciplinés», raconte un membre d'un service occidental. Ayman Al-Zawahiri se montrera-t-il aussi regardant sur ses futures recrues?

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