Plus d'une centaine d'agriculteurs ont manifesté mardi en fin de matinée devant le Parlement européen contre la fin des quotas laitiers. Chacun des 16 pays membres de l'organisation européenne des producteurs de lait, l'"European Milk Board" (EMB), s'est rendu à Bruxelles.
"Profitant des excédents laitiers escomptés, les multinationales négocieront encore plus âprement que par le passé les conditions d'achat du lait", a averti Romuald Schaber, président de l'EMB. Le système des quotas laitiers, instauré en 1984 dans le cadre de la politique agricole commune (PAC), prend fin ce mardi. La production de lait risque d'augmenter et "les prix menacent de plonger au plus bas", a ajouté M. Schaber.
Pour illustrer cette crainte, les 28 drapeaux des Etats membres de l'Union européenne (UE) ont été abaissés sur une musique funèbre avant que ceux des multinationales Nestlé, Müller, Danone, Campina et Arla soient hissés, puis brûlés sur la place du Luxembourg.
"Il en va de l'existence d'exploitations agricoles", a dit le président de l'EMB devant près de 70 producteurs de lait, représentants d'associations, eurodéputés et journalistes. Selon lui, les agriculteurs allemands reçoivent actuellement environ 30 centimes d'euros (31 centimes de francs) par litre de lait, alors que sa production coûte près de 50 centimes.
Programme de crise
Le prix d'intervention fixé par l'UE est à seulement 21 centimes, a expliqué Erwin Schöpges, porte-parole de l'EMB. La fédération revendique l'application d'un programme qui serait activé en cas de crise. Il permettrait d'octroyer une prime aux agriculteurs qui brideraient leur production et de taxer ceux qui l'augmenteraient.
Les députés européens et organisations solidaires comme la Coordination européenne via Campesina (ECVC) ont été invités à témoigner leur soutien dans l'après-midi. "Ce qui s'annonce avec la fin des quotas est une catastrophe pour les paysans", a alerté le député européen José Bové (Vert/ALE).
La Suisse "mauvais exemple"
Parmi les paysans suisses invités à participer à l'action organisée par l'EMB, deux membres de l'association alémanique des producteurs de lait BIG-M étaient présents.
Depuis la libéralisation du marché en Suisse en 2009, la quantité de lait a augmenté, alors que les prix ont diminué. Lors d'une précédente manifestation à Bruxelles en juillet dernier, l'EMB avait d'ailleurs qualifié la Suisse de "mauvais exemple".
De nombreux agriculteurs touchent aujourd'hui seulement 50 centimes pour le lait destiné à la fabrication du beurre, ce qui ne permet pas de couvrir les frais de production, explique Mme Helfenstein. L'Union suisse des paysans prévoit les mêmes problèmes pour l'UE que pour la Suisse.