«Si les habitants ne meurent pas sous les bombes, ils mourront de faim.» Dans la voix angoissée de Jemmu Rojîn résonne le refrain funèbre qui accompagne chaque offensive contre les villes syriennes promises à un siège. Cette fois, c’est au tour d’Afrin, la capitale d’un canton en mains kurdes située au nord-ouest du pays. Dans le rôle de l’assaillant? La Turquie et une frange des rebelles qui lui sont fidèles.
Jemmu Rojîn se sent impuissante depuis Fribourg, où elle vit depuis deux ans. Sa famille est prisonnière de l’attaque. Son père, sa sœur et son frère, qui a quatre enfants, vivent dans le village de Bassefan, non loin de la ville d’Afrin. «Il ne leur reste presque plus de nourriture et de médicaments», s’alarme cette Kurde yézidie. «Les habitants ont quitté leur maison et vivent sous terre, dans les caves et les bunkers, pour se protéger des bombardements. Les...