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Plus de 300 espèces de champignons "étrangers" en Suisse

Quelque 300 "nouvelles" espèces de champignons ont été recensées en Suisse. Des parasites, des comestibles et aussi quelques curiosités.

23 sept. 2016, 10:37
Le Favolaschia calocera, un champignon supérieur tropical d'un orange vif, a été découvert l'année dernière au Tessin.

On trouve en Suisse de plus en plus de champignons qui n’y existaient pas à l’origine, 300 espèces environ, selon un recensement de l'institut WSL. Parmi eux, de nombreux parasites des plantes de jardins ou plantes sauvages, quelques comestibles et des curiosités.

Les chercheurs de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) ont effectué pour la première fois un relevé exhaustif de ces "nouveaux champignons", ou néomycètes. Parmi les 300 espèces documentées par Ludwig Beenken et Beatrice Senn-Irlet, 13 sont totalement nouvelles en Suisse.

C'est le cas par exemple d'un champignon supérieur tropical d'un orange vif (Favolaschia calocera), découvert l'année dernière au Tessin. La plupart des néomycètes proviennent d'Amérique du Nord, d'Asie ou de la région méditerranéenne. Mais l'origine d'un grand nombre reste inconnue.

Les trois quarts des nouveaux arrivants sont des parasites qui vivent sur des plantes qui ne sont pas non plus autochtones en Suisse. "De nombreux néomycètes sont des agents pathogènes de plantes de jardin", explique Ludwig Beenken, cité vendredi dans un communiqué du WSL.

"Ils ont dû arriver en Europe avec les plantes-hôtes commercialisées, puis en Suisse par commercialisation de ces plantes ou via des spores transportées par le vent", note le spécialiste. La plupart apparaissent sur le Plateau, là où la population est importante et cultive des jardins.

Mais 35% des néomycètes contaminent aussi des plantes autochtones, comme la rouille des solidages. 

Peu de succès auprès des arbres

Seulement dix des espèces décrites vivent en symbiose avec les racines des arbres (champignons mycorhiziens), comme le font de nombreux champignons supérieurs autochtones connus, par exemple le bolet ivoire. Il semble que les champignons symbiotiques exotiques aient plutôt du mal à coloniser les arbres locaux. 

Un cinquième des néomycètes vit sur la matière organique morte (champignons saprotrophes) et n'engendre pas de dommages. Parmi ceux-ci, on peut citer l'anthurus d'Archer (Clathrus archeri), d'un rouge flamboyant et d'odeur fétide, qui ressemble à un calmar dont la tête serait enfouie dans le sol. Il provient d'Australie, et a été observé pour la première fois en Suisse en 1942. Depuis, il a colonisé tout le Jura et l'arc préalpin.

Le clathre rouge, apparenté et également malodorant, en provenance de l'espace méditerranéen, ressemble un peu à une balle d'unihockey. Il est déjà connu depuis 1870 en Suisse.

Champignons magiques

De nombreux champignons saprotrophes ont certainement été introduits en Europe avec des livraisons de bois, du bois d'emballage ou des plaquettes, supposent les scientifiques. Le Service phytosanitaire fédéral contrôle les importations uniquement en ce qui concerne les organismes de quarantaine qui provoquent de gros dommages en exploitation forestière, dans les pépinières ou dans l'agriculture.

On retrouve également dans la nature des champignons comestibles sortis des cultures comme le strophaire à anneau rugueux, de couleur brun rouge. Ou encore le champignon hallucinogène Psilocybe cyanescens, vraisemblablement échappé de cultures illégales.

Le clitocybe parfumé d'Afrique du Nord représente un danger pour les ramasseurs de champignons, car il provoque des empoisonnements graves et peut être facilement confondu avec les clitocybes et lépistes locaux.

Le phénomène s'accélère

Certains néomycètes sont déjà installés depuis longtemps dans le pays, depuis le XIXe ou début du XXe siècle. "La pénétration de nouveaux champignons en Suisse n'est certes pas un nouveau phénomène, mais il s'accélère", ajoute Beatrice Senn-Irlet.

On peut citer le polypore rutilant, d'un jaune orange éclatant, qui pousse sur les arbres morts et apparemment n'entraîne pas de dommages, et qui est observé en Suisse depuis 1973. Depuis 2004, il se répand de manière explosive de l'ouest vers l'est.

La plupart des 300 néomycètes du rapport sont déjà bien établis, tandis que d'autres sont extrêmement rares. Seules sept espèces continuent leur progression.

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