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Les animaux mâles sont sur-représentés dans les musées d'histoire naturelle

Une étude publiée ce mercredi démontre que les animaux mâles sont plus représentés que les femelles dans les musées d'histoire naturelle. Près de 2,5 millions d'oiseaux et de mammifères ont été analysés par des chercheurs pour en arriver à cette conclusion.

23 oct. 2019, 07:45
Sur le vaste échantillon analysé, 40% des oiseaux et 48% des mammifères, en moyenne, sont des femelles (Illustration).

Les stéréotypes sexistes infiltrés jusque dans les musées d'histoire naturelle: les mâles oiseaux et mammifères sont sur-représentés dans leurs collections, ce qui est susceptible de biaiser les recherches menées à partir des ces spécimens, révèle une étude mercredi.

Une équipe de chercheurs a analysé près de 2,5 millions de spécimens d'oiseaux et de mammifères collectés par cinq grands musées (Londres, Paris, New York, Washington et Chicago) depuis le XVIIIe siècle, pour la plupart via la chasse et le piégeage.

Pourquoi cette démarche inédite ? «Nous nous intéressions aux préjugés de genre dans le milieu scientifique, où il y a par exemple une sur-représentation de chercheurs hommes blancs aux postes haut gradés. Aussi trouvions-nous intéressant de voir si ce biais masculin se retrouvait dans les collections des musées», explique à l'AFP Natalie Cooper, chercheuse au museum d'histoire naturelle de Londres et auteure principale de l'étude publiée dans Proceedings of Royal Society B.

Chasse orientée

Sur le vaste échantillon analysé, quand le sexe est identifié, 40% des oiseaux et 48% des mammifères, en moyenne, sont des femelles. Ce pourcentage varie en fonction des classifications, et s'avère particulièrement faible dans de nombreux nombreux cas, comme certains passereaux (9,7% de femelles), gobe-mouches noirs (11,5%), chauve-souris (9,9%), ovins (24%), belettes (24%)...

Ces disproportions seraient issues d'une sélection délibérée au moment de la chasse, parce qu'orientée vers les espèces où les mâles sont une cible plus visible: plus impressionnants en taille (ongulés), avec des ornements plus colorés (l'oiseau de paradis), des traits plus saillants (bois des cerfs)...

Mais la sélection peut être aussi «accidentelle» si les animaux sont collectés par piégeage, dépendant du comportement des mâles, ou s'il est difficile de distinguer les deux sexes, ou tout simplement quand la population mâle est plus importante, poursuit l'étude.

Pas un tableau complet

L'inégalité dans les collections est susceptible d'affecter plusieurs disciplines comme la taxonomie (classification des espèces), où le sexe sous-représenté est plus dur à distinguer, la génomique, où les gènes varient en fonction du sexe, la parasitologie, où les mâles résistent globalement moins aux infections, etc...

«En ignorant les femelles, nous n'avons pas un tableau complet du vivant; or cela est essentiel pour prédire, entre autres, comment la taille des corps pourrait répondre au changement climatique», souligne Natalie Cooper. «Regardez comment les femelles sont considérées comme chastes, soumises aux mâles, sans contrôle de leur accouplement. Cela reflète des stéréotypes de genre chez les humains au XIXe siècle, pas la réalité dans la nature», fait-elle valoir.

Au XIXe siècle, les personnes chargées des collections dans les musées étaient «pour l'essentiel des hommes». Et si la sociologie a changé depuis, «cela ne s'est pas reflété dans les collections», déplore-t-elle.

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