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Anniversaire: il y a 60 ans, Jacques Piccard devenait «l’homme le plus profond du monde»

Le 23 janvier 1960, l’océanographe suisse Jacques Piccard plongeait dans la fosse des Mariannes jusqu’à une profondeur de -10’916 mètres, un record qui tient toujours.

23 janv. 2020, 08:21
En quatre heures et 47 minutes, les deux hommes descendent à -10'916 mètres.

Il y a 60 ans, le 23 janvier 1960, le Suisse Jacques Piccard (1922-2008) devenait «l’homme le plus profond du monde» en plongeant dans la fosse des Mariannes à bord d’un bathyscaphe jusqu’à -10’916 mètres. Le record tient toujours.

Né à Bruxelles le 28 juillet 1922 et mort à La Tour-de-Peilz (VD) en 2008, Jacques Piccard était le fils du physicien Auguste Piccard. «Homme le plus haut du monde» pour être monté à plus de 16’000 mètres d’altitude dans les années1930 à bord d’un ballon à cabine étanche, celui-ci avait inspiré à Hergé le personnage du professeur Tournesol.

Auguste s’intéressait aussi aux profondeurs et dès le début des années 1950, Jacques le seconde pour la construction du «Trieste». A bord de ce bathyscaphe préalablement testé en Méditerranée, Jacques plonge le 23 janvier 1960 dans la fosse des Mariannes en compagnie de l’Américain Don Walsh.

En quatre heures et 47 minutes, les deux hommes descendent à -10’916 mètres. Ils avaient de l’oxygène pour deux jours et un téléphone. A quelques mètres au-dessus du fond de l’océan, dans les ténèbres des profondeurs, ils aperçoivent un poisson plat.

A l’époque, on ne savait pas s’il y avait de la vie à de telles profondeurs. Cette découverte aura pour conséquence que les États-Unis renonceront à utiliser la fosse des Mariannes comme dépôt de déchets nucléaires.

Record controversé

Le cinéaste canadien James Cameron est également descendu dans la fosse des Mariannes – en solo – à bord d’un mini sous-marin en 2012, mais il a touché le fond de l’océan Pacifique à -10’898 mètres. Ou 10’908 mètres, selon un calcul révisé par la suite.

 

 

L’annonce l’an dernier par l’aventurier américain Victor Vescovo d’un nouveau record à -10’928 mètres au même endroit a suscité la controverse. James Cameron et différents spécialistes l’ont mis en doute, le fond de la fosse des Mariannes étant plat.

Tous s’accordent cependant sur le fait que la mesure de profondeur par ondes acoustiques est sujette à une marge d’erreur de plus de dix mètres. En 2009, un robot américain était descendu à 10’902 mètres de profondeur. En attendant d’en savoir plus, le record du Vaudois est donc toujours d’actualité.

«Personne n’aurait pu nous aider»

Interrogé par l’Agence télégraphique suisse (ATS) à l’occasion de ses 70 ans, Jacques Piccard déclarait: «Au-delà de 300 mètres, personne n’aurait pu nous aider si nous avions été en difficulté. Ainsi, à -100, -1000 ou -10’000 mètres, c’était exactement la même chose». «Ayant atteint cette profondeur, on savait désormais que l’homme pourrait aller partout dans les océans», avait-il ajouté.

En 1969, deux jours avant le lancement de la fusée Apollo11 qui se posera en douceur sur la Lune, Jacques Piccard dirige une expédition de six scientifiques à bord du mésoscaphe «Ben Franklin».

Celui-ci dérive pendant 30 jours dans le Gulf Stream, ce courant atlantique grâce auquel une bonne partie de l’Europe septentrionale bénéficie d’un climat relativement doux. L’engin parcourt 3000 kilomètres entre la Floride à la Nouvelle-Ecosse.

«Resté suisse»

Le chercheur est alors toujours plus demandé à l’étranger. «On m’a proposé de devenir Américain. Cela m’aurait facilité la tâche dans mon travail, pour la recherche de fonds par exemple. Mais j’ai préféré rester Suisse», racontait M. Piccard.

L’océanographe, père du mésoscaphe «Auguste-Piccard» qui transporta 33’000 visiteurs de l’Expo 64 dans les profondeurs du Léman, s’est également passionné pour l’étude des fonds lacustres, notamment dans le cadre de sa Fondation pour l’étude et la protection de la mer et des lacs à Cully (VD).

Un autre de ses sous-marins, le «F.A.-Forel», a effectué de nombreuses plongées scientifiques ou touristiques. Des milliers d’élèves vaudois ont par exemple pu admirer l’épave de «L’Hirondelle», qui avait coulé en 1862 au large de la Tour-de-Peilz (VD).

Le sous-marin a apporté son concours à de nombreuses recherches, comme celle sur les ombles chevaliers, ou le prélèvement d’échantillons d’eau et de sédiments. Le «Forel» a également plongé dans une quinzaine de lacs européens à la demande de scientifiques étrangers.

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