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Voyage sur les traces de la radio de Berlin-Est

Un opéra de chambre éclectique fait revivre l'un des symboles de l'ex-Allemagne de l'Est: la maison de la radio de Berlin-Est. «Funkhaus» est une création expérimentale d'Alexandre Simon et Cosima Weiter que l'ABC présente ce soir et demain au Temple allemand à La Chaux-de-Fonds.

30 sept. 2010, 10:01

Voyage poétique, «Funkhaus» est une création atypique qui fait revivre l'un des symboles de l'ex-Allemagne de l'Est: la Funkhaus, maison de la radio de l'ex-Allemagne de l'Est, vitrine du pouvoir médiatique de l'Etat fermée après la chute du Mur de Berlin et aujourd'hui pratiquement vide (lire ci-contre).

Pour le Genevois Alexandre Simon (vidéaste) et le Français Cosima Welter (poésie sonore), concepteurs du spectacle résidant à Berlin, le destin des bâtiments de la maison de la radio interroge sur les notions de mémoire, de trace et d'oubli. Il pose aussi la question de savoir ce qui reste d'un instrument d'Etat lorsque le pouvoir qui l'utilisait n'est plus. «Comprendre cette architecture du pouvoir nous a permis de mieux appréhender le communisme», relate Alexandre Simon.

Une démarche complétée par une plongée dans l'histoire de l'Allemagne de l'Est et dans les témoignages de personnes ayant travaillé dans le bâtiment de la radio d'Etat. «Nous nous sommes immergés dans la vie de ces gens à qui l'on a volé toute une partie de leur histoire.» Depuis le système qui régissait leur vie jusqu'aux produits qu'ils consommaient en passant par le Palais de la République, tout a été réduit à néant, laissant les ex-Allemands de l'Est sans passé, sans histoire, sans racine, apatrides dans leur propre pays. Au point que même ceux qui ont été des victimes du régime se disent aujourd'hui nostalgiques de l'époque communiste, notamment de son système social. «Ces gens rêvaient de se débarrasser d'un régime, pas d'être phagocytés par l'Ouest», relève Cosima.

«Funkhaus» se présente sous la forme d'un grand poème qui donne voix à la population de l'ex-RDA. Mais loin de n'être qu'un simple témoignage, et encore moins un travail politique engagé, le spectacle ne prend pas position, ne dénonce rien. Il s'agit d'une démarche artistique à part entière, qui pose des questions plutôt que d'y répondre. «Nous sondons l'ambiguïté des sentiments face à l'ex-RDA et interrogeons, à travers notre propre champ poétique, les implications de cette spoliation identitaire sur le langage mental et l'intimité», explique le vidéaste.

Fruit d'une création collective, cet opéra de chambre pour vidéo, poème sonore et percussions est constitué d'une scénographie (Claire Davy et Christophe Ryser), d'images projetées (Alexandre Simon), d'un poème sonore (Cosima Weiter), d'une partition musicale (Marcello Silvio Busato) et d'une création lumière (Marc Gaillard). Dans l'écho d'un mot comme dans la persistance d'une image, la préoccupation du temps ou de ce qu'il en reste quand il est passé tisse ainsi le fil de cette ½uvre hantée. /CGR

La Chaux-de-Fonds, Temple allemand, ce soir et demain à 20h30

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