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Une promesse faite à Daniel Schmid

Freddy Buache a remis à jour le livre qu'il avait consacré au cinéaste Daniel Schmid, en 1975. Un ouvrage placé sous le signe de l'amitié. Daniel Schmid, le plus grand des cinéastes de Suisse alémanique, avec F. M. Murer, apparu dans les années soixante /septante, est décédé le 5 août 2006. Son ami Freddy Buache, fondateur et ancien directeur de la Cinémathèque suisse, lui avait promis de redonner vie à son livre de 1975 paru à L'âge d'homme, au titre évocateur de «Portrait de Daniel Schmid en magicien».

20 juin 2008, 12:00

Chose faite: l'introduction rappelle une partie des derniers mots prononcés le 11 août au crématorium de Coire, en particulier par Ingrid Caven et Freddy Buache. Suivent film par film des textes de Buache parus au fur et à mesure, remis à jour, parfois complétés. Une centaine d'images, ensuite, offrent une riche iconographie tirée des dépôts faits par Daniel à la Cinémathèque. La qualité des reproductions laisse un peu à désirer, mais il fallait que ce livre soit fait pour tenir promesse. Un entretien de 1975 entre Buache, feu sa femme Marie-Magdelaine Brumagne, Renato Berta dit Ciccio et Daniel Schmid reste d'une magnifique actualité: tout n'était pas dit de l'?uvre qui allait suivre, mais déjà beaucoup pressenti.

Ecrire un livre sur un auteur de films, ou sur un créateur dans n'importe quel domaine, c'est souvent une manière de faire part d'une admiration qui doit rester lucide pour éviter l'hagiographie. Mais ce livre est placé sous un autre signe, rare, précieux, celui de l'amitié, que Schmid exprimait ainsi: «Pour créer un poème, il y a des milliers de méthodes, mais un unique ouvrier du miracle: l'amour».

Dès les premières pages, beaucoup de choses sont signalées: l'influence de la peinture (un symboliste romanche, Giovanni Degantini, dont le «réalisme hanté» se retrouve dans «La Paloma»), le lien entre un enfant et sa grand-mère, l'hôtel familial de Flims, l'admiration pour des romantiques allemands et des poètes, l'amour de la musique et de l'opéra, de Mozart à Verdi, l'influence de quelques grands cinéastes comme Douglas Sirk, Eric von Stroheim, Joseph von Sternberg, Max Ophuls. Daniel Schmid adorait «le cinéma de la surcharge embellissante». Enfant timide, le samedi en fin de semaine à l'école, Daniel improvisait des contes pour ses camarades, sachant que les cloches qui se mettaient à sonner à onze heures lui laissaient dix minutes pour terminer son récit. Tout cela se retrouve dispersé, sublimé dans plusieurs de ses films. On y connaît aussi des bonheurs d'écriture, comme cette esquisse du portrait d'un personnage: «Si elle n'aime pas le comte, elle aime néanmoins l'amour qu'elle lui porte» (à propos de «La paloma»). Schmid savait user de «ses dons de visionnaire» en magicien qu'il fut.

Mais l'amitié qui sous-tend l'écriture de ce livre ne se limite pas à celle qui unit Buache et Schmid. Elle est l'essence même d'une étroite collaboration entre Renato Berta, l'opérateur de la plupart de ses films, et Daniel Schmid, qui parlaient cadrage et lumière une fois imprégnés ensemble d'un décor en ayant partagé leur sensibilité à l'égard des personnages. L'entretien de 1975 en est la preuve. A un moment précis, alors que Berta vient de s'exprimer, Buache peut à juste titre lui dire: «On dirait Daniel qui parle».

Et l'amitié est aussi en partie à la base de ces lignes, celle qui me lie, aujourd'hui encore, à Freddy Buache, celle récemment retrouvée avec Renato Berta, ainsi que la discrète complicité qui existait avec Daniel Schmid. / FYL

«Portrait de Daniel Schmid en magicien», Freddy Buache, éd. L?âge d?homme
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