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«Une explosion affective»

Réalisé à quatre yeux par Claude Miller et son fils Nathan, un film parfois très âpre qui raconte la quête de Thomas, écorché vif à la recherche de sa mère biologique. Inspirée d'un fait divers, une réussite servie par des acteurs traduisant de façon saisissante l'humanité complexe de leurs personnages. Propos croisés.

02 oct. 2009, 08:51

Claude Miller, racontez-vous quelle a été la genèse de votre quinzième long métrage...

Tout est parti d'un article d'Emmanuel Carrère paru au début des années nonante dans feu «L'événement du jeudi». Un jeune adopté de vingt ans avait tenté de tuer sa mère biologique. Cette histoire a fasciné Jean-Louis Livi, mon producteur. Au départ, il pensait en confier la réalisation à Jacques Audiard, puis il me l'a proposé. Ça m'a beaucoup touché, ce fils adulte qui veut renouer avec sa vraie mère, avec toute l'ambiguïté que, forcément, ça implique!

Nathan Miller, comment en êtes-vous venus à coréaliser avec votre père, une première pour lui et pour vous?

En fait, la proposition est venue de Jean-Louis Livi. Bien sûr, j'ai d'abord pensé que mon père n'y était pas étranger… Eh bien, pas du tout, c'est vraiment le désir du producteur qui a sans doute pensé que le thème du film s'y prêtait. Entre nous, je collabore à divers titres depuis longtemps avec Claude, depuis «L'effrontée» en 1985 où j'étais son assistant. Nous avons donc l'habitude de travailler ensemble!

Justement comment avez-vous «travaillé ensemble» sur le scénario puis au tournage?

C.M.: Sur le scénario, on a discuté, puis j'écrivais. Après, je soumettais ce que j'avais écrit à Nathan et on rediscutait. A ce stade, j'ai donc plutôt joué le rôle du scénariste et Nathan, celui du metteur en scène, celui qui apporte des idées de cinéma. Sur le tournage, Nathan a continué dans ce rôle. C'est lui qui a dirigé les acteurs, réglé les mouvements de caméra. Moi, je suis resté derrière l'écran de contrôle à visionner les scènes en train de se tourner. Après chaque prise, j'allais glisser mon avis à l'oreille de Nathan. C'était très harmonieux!

Comment expliquez-vous l'acte de Thomas à l'encontre de sa mère biologique?

C.M.: C'est une explosion affective, une sorte de terrible accident. Ce n'est surtout pas prémédité. Des études ont été menées sur le sujet. Dans la plupart des cas, les enfants qui retrouvent leurs mères biologiques avec lesquelles ils n'ont pas pu grandir éprouvent un désir de caractère sexuel, sans susciter le sentiment de culpabilité qui pourrait déclencher le processus de refoulement.

Vous avez opté pour une mise en scène sans effets, proche du naturalisme des frères Dardenne. Un choix assumé?

N.M.: Complètement. Il fallait le grain du réel, sa rugosité, coller aux corps des acteurs, être en mouvement. C'est un fait divers à l'origine, ne l'oublions pas. Par contre, les retours en arrière sont tous filmés en plans fixes… Dans mes souvenirs d'enfance, je ne me souviens pas de mouvements, c'est fixe, immuable. C'est un parti pris qui traduit aussi le blocage de Thomas, son obsession de retrouver l'état d'enfance. /VAD

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