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Un recueil de petites fins qui aiguisent l'appétit

Frédéric Mairy développe des talents d'écrivain depuis plusieurs années. Poèmes et textes brefs viennent d'être publiés; l'occasion de le rencontrer devant un chocolat chaud.

11 mars 2011, 11:53

Fin du jour, fin de vie, fin de partie... Dernières notes ou dernière gorgée de bière. «C'est à cause que tout doit finir que tout est si beau», a écrit Ramuz. La phrase, à laquelle se réfère Frédéric Mairy, suffirait à justifier que l'on fasse l'éloge de la fin. Le Neuchâtelois s'y est risqué, en de courts textes conçus de fil en aiguille plutôt qu'emprisonnés dans un carcan trop conceptuel. «J'avais écrit trois ou quatre petits textes sans trop réfléchir à leur destination, puis je me suis aperçu qu'ils avaient un thème en commun et, à chaque fois, un lien avec un auteur. J'ai eu, alors, envie d'approfondir la chose», retrace-t-il.

De A comme avertissement à W comme Woody Allen, Frédéric Mairy égrène son «Bref éloge de la fin» sous la forme d'un abécédaire, que l'on n'est pas obligé de suivre à la lettre. Libre au lecteur de s'accorder un «Sursis» ou de céder à la tentation de «Saucer» avant que de goûter à une évasion bretonne fort peu bavarde. «(...) Pointe du Raz, Finistère. Finis terrae. La fin de la terre. Surtout, ne rien ajouter.» Le temps dont ce père de famille dispose pour écrire a, en partie, dicté le choix de la concision. Mais cette contrainte n'a nullement contrarié son goût personnel: «Par nature, j'aime les formes simples, épurées». Et de citer Peter Brook, en homme de théâtre qu'il est aussi: «Less is more». Obtenir un maximum d'effets avec un minimum de moyens... Lettre H, H comme haïku, la logique est respectée: «Le haïku a le bon goût, à peine entamé, d'être déjà terminé».

Tchekhov, Michon, Bouvier (lire ci-contre)... Des références littéraires, cinématographiques et même footballistiques se glissent entre les lignes de ce «Bref éloge», mais l'érudition n'anesthésie ni la sensibilité ni le ton enjoué du Neuchâtelois. En cultivant la connivence, et le lecteur peut y reconnaître les siennes, le discret Frédéric Mairy se dévoile, un peu...

Dans cette famille de plume et d'esprit dont il se sent proche, il inclut encore Simenon et Raymond Carver, auteurs de prédilection restés hors pages. «Je n'avais pas envie de passer en revue ma bibliothèque!», sourit-il. Mais il révèle qu'«Olivier» de Jérôme Garcin, «Les années» d'Annie Ernaux, «L'enfant papillon» de Laure Chappuis y ont trouvé place récemment. Des ouvrages qui lui sont chers car, dit-il, alliée à la qualité de l'écriture, on y sent la présence de l'auteur. /DBO

«Bref éloge de la fin», Frédéric Mairy, éd. d'autre part, 2011; «De verdiers de cerisiers de neige», Frédéric Mairy et Eric Rechsteiner, éd. Slatkine, 2010. Signature à la librairie Payot de Neuchâtel, demain de 14h30 à 16h30

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