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Un monde idéal trop joliment amidonné

L'adaptation cinématographique des aventures du «Petit Nicolas» était attendue au contour par les admirateurs du trait naïf de Sempé. Le casting fait mouche, la reconstitution de la fin des années cinquante est ripolinée, l'on y rit volontiers. A la longue perce cependant un peu d'agacement: trop sage, trop gentil, trop charmant!

30 sept. 2009, 08:22

Publié à partir de 1959, d'abord sous forme de gag hebdomadaire puis de romans illustrés, «Le petit Nicolas» est né de l'imagination de René Goscinny. Sous le couvert du dessin candide de Jean-Jacques Sempé, le créateur d'Astérix a écrit une série d'historiettes (en moyenne pas plus de dix pages chacune) qui croque avec délicatesse l'enfance d'une époque que l'on se plaît aujourd'hui à un peu trop embellir.

Sans exagérer, Goscinny a fourni à ses jeunes lecteurs un véritable outil critique, leur permettant de mieux appréhender leur monde et celui des adultes. Sur le mode de l'humour tendre, il leur en a fait apparaître «poétiquement» les petites médiocrités, les conventions étriquées, les menues traîtrises.

Après un «Molière» un peu trop scolaire, Laurent Tirard a donc picoré dans les différents recueils des «tranches de vie» du «Petit Nicolas» pour former un récit crédible, avec comme fil rouge l'arrivée annoncée d'un petit frère qui a le don de mettre dans tous ses états le protagoniste du troisième long métrage du réalisateur français.

Alternant les saynètes qui valent pour elles-mêmes et celles qui déroulent ce fil rouge, le film atteint assez bien à l'équilibre. Sur le plan de la distribution, les adultes s'en tirent avec les honneurs, avec mentions à Sandrine Kiberlain en institutrice pas trop revêche et à Valérie Lemercier qui excelle en mère de famille rêvant en vain d'émancipation.

De leur côté, les enfants sont plus inégaux. Ils apparaissent comme engoncés dans les descriptions qu'en a faites Goscinny et dont son adaptateur aurait dû se distancier, sachant que le cinéma amplifie la caricature.

S'il lorgne parfois du côté de Jacques Tati, le plus perçant des chroniqueurs des trente glorieuses, Tirard reste toutefois prudemment à la lisière de la satire. Ce faisant, il opère un drôle de contresens qui l'entraîne à faire un presque éloge d'un ordre du monde que Goscinny égratignait en douce. Ce glissement n'ôte certes pas tout son charme au film, mais tout de même! /VAD

Réalisateur: Laurent Tirard
Genre: comédie
Durée: 1h31
Age: 12 ans, suggéré 12
Avec: Maxime Godart, Kad Merad, Valérie Lemercier, François-Xavier Demaison

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