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Tension entre hasard et contrôle

21 oct. 2009, 09:23

La galerie 2016 à Hauterive rend hommage aux compositions abstraites de la peintre Marguerite Saegesser, une artiste d'origine bernoise, vivant en Californie, sous forme d'une importante rétrospective. Couvrant une période de 1988 à 2003, ses trente œuvres offrent au spectateur un véritable spectacle d'exubérance et d'émotion.

Jusqu'au début des années 1980, Marguerite Saegesser pratique la sculpture dans son vaste atelier californien de Palo Alto. C'est alors que s'affirme sa passion pour la peinture, et plus particulièrement pour le langage pictural symbolique et associatif de l'Action Painting. Ce concept, appliqué à un secteur du mouvement new-yorkais, conçoit la peinture comme une action intimement liée à la biographie de l'artiste. La signification du tableau réside en lui-même, compte rendu de sa propre genèse, depuis le premier trait jusqu'à sa réalisation finale.

Rejetant les limites d'une représentation conventionnelle, Marguerite Saegesser prône avant tout l'expression spontanée de l'individu dans l'acte de peindre en adoptant une spontanéité gestuelle et un traitement expressif de la matière. Cette technique transforme le geste de peindre engageant non plus seulement la main mais tout le corps; ainsi, la gestuelle franche et énergétique qui est traduite sur la surface peinte. Pour elle, la toile est un champ d'expériences informelles, qu'elle reprend pourtant jusqu'à ce que le résultat satisfasse à ses exigences plastiques, jouant effrontément avec les notions de hasard et de contrôle. Franches et affirmées, les structures des formes, taches, traits et giclures participent à l'ampleur de l'énergie cosmique qui se dégage de ses toiles, à l'instar de l'œuvre «Rain meets you as a friend» qui, par son intense suggestion de l'infini, invite le spectateur à plonger dans son espace sidéral.

Seul dénominateur commun, une épaisse traînée noire ordonne et structure les compositions abstraites de Marguerite Saegesser, dans lesquelles signes et symboles se juxtaposent aux tons purs, des rouges, jaunes, verts aux bleus farouches. L'artiste semble aborder la métaphysique à travers le noir qui est, à ses yeux, aussi mystérieux et signifiant que le blanc l'était pour l'artiste américain Sam Francis. Dans cette trame, quelques toiles intimistes et chaotiques de 1988-89, empreintes aux couleurs sombres, se distinguent particulièrement sous l'intitulé «Black has a thousand eyes», par leur sentiment criant d'intensité et leur recherche au plus profond de l'être.

Hauterive, galerie 2016, jusqu'au 1.11

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