Une quinzaine de chercheurs d'Amérique du Nord et d'Europe ont répondu à l'appel conjoint du Musée d'ethnographie de Neuchâtel et de l'Institut d'ethnologie afin d'apporter des éléments de réflexion lors du colloque «Sing A Simple Song», qui s'est tenu jeudi et hier.
Les festivals de musiques du monde, un objet pouvant paraître futile au premier abord, se sont révélé très riches à la lumière de l'ethnomusicologie contemporaine. Au-delà des considérations méthodologiques ou épistémologiques dont ont pu se délecter les spécialistes, ce colloque a touché des questions que tout amateur de musique peut se poser. En concentrant un large public, des concerts mais également nombre d'activités annexes dans un espace-temps restreint, les festivals ne se sont-ils pas imposés comme un mode de consommation musicale privilégié? L'appellation floue de «musiques du monde» ne résonne-t-elle pas comme un appel au voyage et à l'ouverture tout en synthétisant une tension entre le local et le global? Les revendications d'authenticité ne laissent-elles pas poindre une mise en scène parfois abusive d'une l'altérité composite?
Sans plonger dans des abstractions parfois déconcertantes, ce colloque a également été une invitation adressée à chaque festivalier à s'improviser ethnomusicologue, le canton de Neuchâtel offrant un terrain propice. Les dimanches de Festi'neuch ou les Buskers par exemple ont toujours fait la part belle aux musiques du monde, sans oublier les stands de nourriture pullulant dans tout festival qui se respecte et qui appellent au dépaysement gustatif.
A l'issue de ce colloque, une question provocatrice reste pourtant en suspens. Si ces festivals ont pour vocation de favoriser les échanges et qu'ils ne cessent de proliférer, que dire du repli identitaire qui s'observe dans nombre de pays occidentaux? Chacun peut y apporter sa réponse en improvisant des travaux pratiques lors de la programmation folklorique des concerts du Millénaire, demain matin.