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Solitude cannibale en noir et blanc

05 mars 2011, 04:15

Une matière picturale qui s'affirme sans réserve et une palette chromatique limitée à l'essentiel, tel pourrait synthétiser la puissance expressive des œuvres monumentales de Frédéric Clot, exposées à la galerie Ditesheim à Neuchâtel. De ses peintures de sous-sols sombres à ses personnages aux visages masqués, son art semble empreint d'une solitude cannibale dont on ne sort pas indemne.

A seulement 38 ans, l'autodidacte vaudois a vécu un début de carrière fulgurant, se retrouvant très vite confronté à une demande mercantile explosive. Pourtant, Frédéric Clot n'utilise pas les modes de production actuels des images, puisqu'il dessine et qu'il peint un art résolument figuratif. D'une gamme chromatique extrêmement réduite, essentiellement en noir et blanc, il excelle dans la déclinaison d'un registre intense dans lequel toutes les nuances possibles s'expriment, pour indiquer ici une source lumineuse, là un tumulte invisible. Entre chevauchement de surfaces, coulures et accidents, ses larges touches de peinture dissolvent parfois les formes et créent des effets de turbulence. Portant les signes conventionnels de ce qu'elles sont censées représenter, ses figures et ses architectures sont identifiables comme tel, puisqu'elles sont issues de la société de masse qui nous entoure. Mais que regardent ces personnages? Les masques de Frédéric Clot interdisent le recours à la trace d'un récit que l'expression d'un regard permet. Ils sont l'absence d'échappatoire et l'objet d'une incertitude grandissante, voire angoissante chez le spectateur.

Mais Frédéric Clot, c'est aussi la vigueur, l'élégance et la précision d'un trait de crayon qui laissent particulièrement pantois. Ainsi, vide de présence, ses paysages monumentaux laissent place à des endroits quasi surréels, livrant les arbres dans leur plus grande nudité. C'est l'instant que cet artiste semble avoir choisi, s'imprégnant du paysage à un moment unique, où tout semble à la fois présent et effacé. Hors du temps, hors des normes, une création artistique paradoxale à voir absolument! Séverine Cattin

Séverine Cattin

Neuchâtel, galerie Ditesheim, jusqu'au 17 avril 2011

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