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Simone et Pierre Blondeau, Piazza Grande pour grande passion

Simone et Pierre Blondeau forment un couple de cinéma unique. Grâce à eux, les plus grands réalisateurs sont venus présenter leurs films à Pontarlier. Samedi, ils ont eu les honneurs de l'écran de la Piazza Grande. Ils jouent en effet leur propre rôle dans le court métrage «Les Yeux de Simone». Rencontre.

11 août 2009, 04:15

«Je me réjouis de voir ça!», lance volontiers Pierre Blondeau en présentant un film à Pontarlier. Un cri du cœur étonnant quand on sait que Pierre a perdu la vue depuis des années. S'il voit, c'est grâce aux yeux de Simone. Les lèvres collées à son oreille pendant la projection, elle lui décrit les images des films qu'il continue de goûter intensément.

Une passion née avant la Deuxième Guerre mondiale: «J'avais 8-9 ans quand sortaient des films comme «La grande illusion», «Quai des brumes», «Les temps modernes». Dans une ville comme Pontarlier, le cinéma était le divertissement principal. Les gens critiquaient mes parents, qui me laissaient aller seul au cinéma Olympia, plus laïc que le Rex, le cinéma 'des curés'»

Après son bac, en 1943, Pierre Blondeau suit la voie tracée par son père: il devient prof de français-latin-grec. C'est l'époque du néoréalisme italien, «le cinéma le plus merveilleux qu'on ait fait». Pierre se laisse attendrir par les élèves en internat. «Les chefs d'établissement leur réservaient une vie coercitive. Presque à l'image de ce qu'on voit dans 'Zéro de conduite'!» L'enseignant convainc le principal d'organiser une sortie hebdomadaire dans un vrai cinéma. Il ne bricolera pas des projections en 16 mm sur de mauvaises chaises! Les jeunes sont associés au public de la ville. Il les pousse à présenter les films et à animer les discussions. Pierre se perfectionne dans des stages organisés par la Fédération française des ciné-clubs. La Ligue de l'enseignement distribue les films importants. Fin 1960, le ciné-club Jacques Becker est lancé avec les «Visiteurs du soir».

Cet activisme attire l'attention de Freddy Buache, cofondateur de la Cinémathèque suisse. Il encourage les Blondeau à organiser des «rencontres cinématographiques» à Pontarlier. Conseiller municipal communiste, Pierre Blondeau sort sa plus belle plume et écrit à un réalisateur qui vient d'être chassé des Etats-Unis: Joseph Losey. «Non seulement, il est venu, mais il a eu droit à une standing ovation de 450 personnes! Certains s'étaient déplacés de loin. Losey était ravi de manger avec les potaches, à la cantine du lycée professionnel».

Les «rencontres» de Pontarlier deviennent un rendez-vous annuel incroyablement bien fréquenté. Quelle ville de moins de 15 000 habitants peut se targuer d'avoir fait venir des cinéastes comme Ettore Scola, Volker Schlöndorff, Bertrand Tavernier, Elia Kazan ou Samuel Fuller? «Sans subventions, en travaillant avec des bénévoles, nous n'avons jamais eu de dettes grâce à notre public fidèle», dit Simone. Un public tellement gâté qu'il s'étonne de n'avoir pas encore pu avoir Clint Eastwood! Prenez date: la dernière semaine d'octobre*, Volker Schlöndorff revient à Pontarlier avec notamment son inédit et superbe «Neuvième jour»! /CHG

*Programme sur www.ccjb.fr

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