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Si les enfants partaient et laissaient le nid vide

Comment faire face au vide créé par le départ de ses enfants? Le nouveau film du réalisateur argentin Daniel Burman joue habilement avec le temps pour donner sa réponse. Subtil, drôle et insidieusement anxiogène, comme tous les films de ce cinéaste des plus singuliers.

26 août 2009, 04:15

Cinquième long métrage de son auteur, «El nido vacio» (traduit littéralement: «le nid vide») est sorti en France sous le titre «Les enfants sont partis». Moins radical que ses compatriotes Alonso Lisandro, Lucrecia Martel ou Pablo Trapero, Daniel Burman n'en reste pas moins l'un des cinéastes clés de la nouvelle vague des jeunes réalisateurs argentins qui, malgré le manque de moyens, a déferlé au seuil de l'an 2000. Délaissant la chronique de mœurs de la communauté juive de Buenos Aires dont il semblait s'être fait une spécialité, le réalisateur du «Fils d'Elias» (2003) et des «Lois de la famille» (2006) signe un film autrement ambitieux.

Ecrivain reconnu, mais en manque d'inspiration, Leonardo est invité à un dîner en ville qui s'annonce redoutable d'ennui. Par chance, une jeune femme attirante, assise à une autre table, accroche durablement son regard. Un peu plus tard, son voisin, psychiatre de son métier, lui explique comment ses patients âgés croient avoir accompli des actions qui ne sont en réalité que de l'ordre du fantasme. De façon souterraine, cette observation «clinique» va alors influer sur le comportement de Leonardo.

Rentrant à la maison, ce père de trois grands enfants, marié à une sociologue qui ne mâche pas ses mots, constate que sa fille a découché… Restant éveillé, il se met à écrire, se projette dans le futur, imaginant quelle pourrait bien être son existence, une fois que sa progéniture volera de ses propres ailes, le laissant seul avec sa femme, à la maison, dans le «nid vide». Poursuivant son jeu mental, Leonardo commence à remodeler le passé en fonction de cette projection du futur qui l'apeure…

Avec une virtuosité feutrée, Burman égare son spectateur dans une dérive rêveuse qui évoque les grandes fictions mentales d'Alain Resnais, période «Providence», un film auquel on pense plus d'une fois au fil de la projection. Comme le cinéaste français, l'Argentin joue parfaitement des strates temporelles pour dire toute notre impuissance, l'âge avançant, à faire du présent le seul temps qui vaille! /VAD

Réalisateur: Daniel Burman

Genre: comédie dramatique

Durée: 1h31

Age: 16 ans

Avec: Cecilia Roth, Inés Efron

Cinémas: ABC, La Chaux-de-Fonds

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