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Quand le crime fait le beurre de la littérature

14 juin 2011, 07:31

Les crimes n'ont jamais cessé d'inspirer la littérature, pas seulement les polars, mais également nombre de romans français devenus des classiques, c'est le constat de J.-B. Pontalis, célèbre psychanalyste et écrivain français né en 1924, dans son essai «Un jour, le crime».

Chapitre après chapitre, il s'interroge sur sa fascination pour les faits divers. Dans cette réflexion très personnelle, il commence par affirmer sa haine de la violence, et avoue avec un goût pour le paradoxe: «Oui, je déteste la violence et je dois bien reconnaître qu'il y a de la violence dans cette détestation.»

Pour décrire sa relation au crime, il remonte à l'adolescence et raconte qu'il s'arrêtait parfois au palais de justice, en sortant du lycée, et écoutait le président débiter des peines à des prévenus désorientés. Plus tard, il lut des courts récits d'André Gide tirés de faits divers, «La Séquestrée de Poitiers» et «L'Affaire Redureau». Le premier relate l'histoire d'une femme enfermée pendant vingt-cinq ans dans des conditions épouvantables par sa mère, et le deuxième l'acte soudain et inexplicable d'un garçon de 15 ans, auteur du massacre de son patron fermier et de toute sa famille. J.-B. Pontalis s'interroge sur la fascination de Gide pour les affaires criminelles, et n'offre pas de réponse, si ce n'est dans l'ambiguïté de cet écrivain au style «impeccable» et attiré par les jeunes garçons, et dans la rigueur de son père et de sa religion protestante.

Figures célèbres

Des figures célèbres de meurtrières viennent à l'esprit de Pontalis, et il s'interroge sans donner de réponse convaincante, à propos de cette fascination personnelle pour la femme criminelle. Violette Nozière, par exemple, chantée par les surréalistes, avait empoisonné père et mère, «un couple de petits-bourgeois étriqués». Les sœurs Papin, elles, avaient massacré leurs patronnes.

Il explique par contre très bien que la célébrité de leur acte tient à sa remise en cause radicale de l'ordre établi, l'autorité parentale et patronale.

Plus loin, le psychanalyste se demande pourquoi les meurtres d'enfants insupportent tant, et répond qu'en tuant un enfant, on assassine «la vie, dans son essence, au plus près de sa source», cette vie humaine si précieuse depuis qu'on ne la croit plus d'origine divine, est donc le simple fruit du hasard, dépourvue de sens. A la fin de sa réflexion, la question du philosophe «Qu'est-ce qui pousse au crime?» reste irrésolue.

Excursion sans réponse

Bref, J.-B. Pontalis raconte sa relation personnelle au crime, décrit ses différents visages, se promène entre images privées et collectives que suscite ce thème, s'interroge beaucoup et n'offre pas souvent de réponses. On tourne volontiers les pages de cette «excursion», comme il l'appelle lui-même, mais on reste un peu sur sa faim.


«Un jour, le crime»,
J.-B. Pontalis, éd. Gallimard, 192 p.
Fr. 26.60

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