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Pour cause de créationnisme, un manuel scolaire sera modifié

Un manuel controversé de sciences naturelles sera revu et corrigé. La Direction de l'instruction publique du canton de Berne veut écarter toute ambiguïté. L'école publique bernoise fait-elle la part belle aux thèses créationnistes? Depuis quelques jours, la polémique fait rage. Et elle ne se borne pas aux milieux spécialisés: le courrier des lecteurs des gazettes locales en témoigne.

09 nov. 2007, 12:00

Tout est parti de la publication d'un nouveau manuel de sciences naturelles qui n'établit pas une distinction suffisamment claire entre le créationnisme et la théorie de l'évolution. La «NZZ am Sonntag» en a fait ses grands titres dimanche passé et l'affaire menaçait de devenir ingérable. D'entente avec l'éditeur, la Direction de l'instruction publique a donc décidé de prendre le taureau par les cornes. Elle a annoncé hier que le passage controversé serait revu et corrigé.

Le chef du département Bernhard Pulver minimise l'affaire. «C'est une tempête dans un verre d'eau.». Il admet cependant que le texte en question est mauvais et qu'il faut le corriger pour lever toute ambiguïté. «Le Département de l'instruction publique n'a jamais eu l'intention de donner quelque crédit que ce soit aux thèses créationnistes».

La mise en place du nouveau texte ne posera pas de grands problèmes dans la mesure où l'ouvrage est conçu sous la forme d'un classeur qui abrite des dossiers distincts. Il suffira donc de remplacer le dépliant concerné. A titre de mesure immédiate, une feuille d'information apportera les éléments de pondération jugés nécessaires.

Destiné aux élèves germanophones du degré secondaire, le manuel «NaturWert» présente sept thèmes relevant des rapports entre l'être humain et la nature. Les adolescents sont invités à réfléchir à des questions relatives au génie génétique, aux droits des animaux ou à l'origine de la vie. C'est ce chapitre-là qui a donné matière à discussion: histoire de discuter avec les élèves de conceptions variées sur la création du monde, il place sur le même plan d'un côté les thèses créationnistes basées sur la Genèse d'une part, de l'autre les explications scientifiques sur la création de l'univers, l'origine et l'évolution de la vie qui font référence au «big bang» et à Darwin. «Rien de ce qui est écrit n'est fondamentalement faux», note Bernhard Pulver, qui s'est plongé mardi dans la lecture du document. «Par contre, la présentation est déséquilibrée et la distinction entre science et religion n'est pas claire. Or il s'agit d'un ouvrage de sciences naturelles.»

Le conseiller d'Etat voulait d'autant plus clarifier la situation que le canton de Berne est connu pour abriter de nombreuses sectes protestantes sensibles aux thèses créationnistes. Une femme faisant partie d'une communauté évangélique faisait d'ailleurs partie du groupe d'auteurs du chapitre controversé.

La Suisse n'est pas les Etats-Unis, mais ce cas n'est pas totalement isolé. Des tentatives d'implantation des thèses créationnistes apparaissent périodiquement. C'est ainsi que la création d'un parc de loisirs spirituel s'inspirant mot à mot de la Genèse est envisagée dans le nord-est de la Suisse. Ce projet, qui aurait la forme d'une immense arche de Noé reposant sur un lac artificiel, est encore balbutiant. Il est dû à un conseiller d'entreprises, Gian-Luca Carigiet, président de l'association Pro Genesis.

Le créationnisme n'est pas propre aux fondamentalistes chrétiens. Au printemps dernier, un ouvrage fustigeant Darwin au nom du Coran a été livré gratuitement dans différentes écoles, bibliothèques et rédactions de Suisse romande. Signé Harun Yahya, cet «Atlas de la Création» comporte pas moins de 770 pages richement illustrées. Edité en Turquie, il a également été largement distribué en France, ce qui dénote des moyens financiers considérables. /CIM-Le Nouvelliste

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