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«Platonov» à l'heure de la série théâtrale

Une année après avoir présenté à La Chaux-de-Fonds une adaptation libre du premier acte de «Platonov», de Tchekhov, le metteur en scène Alexandre Doublet revient dans le canton où il présente ces jours «Sweet dreams», le deuxième acte de cette pièce de huit heures. Un spectacle que l'on peut voir sans avoir assisté au précédent!

19 janv. 2011, 10:54

Ambitieuse. Et longue... mais pas comme une journée sans pain. C'est en ces termes que l'on pourrait décrire l'aventure artistique dans laquelle Alexandre Doublet, issu de la Manufacture, et sa troupe éponyme se sont lancés voici deux ans: (re) visiter la pièce fleuve inachevée et injouable de Tchekhov sous la forme inédite d'une série théâtrale, «Il n'y a que les chansons de variété qui disent la vérité». Tiré d'une réplique de Fanny Ardant dans «La femme d'à côté», de François Truffaut, le titre de la série constitue donc aussi son fil rouge.

«Les chansons sont un élément essentiel, elles permettent de créer des respirations et d'alléger l'ambiance parfois lourde de Tchekhov, et ce malgré les nombreux gags potaches de cette pièce de jeunesse», note Alexandre Doublet. Dans «Who will be the hero», les comédiens interprétaient bel et bien, en live ou en play-back, des chansons de variété. Dans «Sweet dreams», ils chantent désormais sans micro et jouent de la guitare acoustique. Mais alors que le premier épisode se déroule à l'extérieur, dans le jardin d'Anne, où une bande de copains trentenaires se rencontrent pour s'amuser et partager leur désœuvrement, c'est à l'intérieur, dans la maison d'Anne, au rez-de-chaussée, que les personnages du deuxième acte évoluent. Une ambiance plus feutrée, plus intime s'imposait donc pour le deuxième acte: «La métaphore de la maison, liée à un parcours intime, me passionne. La maison renferme tous les secrets d'une famille et le langage qu'on y tient est différent dans chaque pièce.»

Dans cette «pièce architecturale», le premier acte est marqué par l'idée tchekhovienne que l'homme porte un masque, plus vrai que son propre visage, et qu'il garde toute sa vie: il ne se passe rien, chacun restant enfermé dans son rôle. Dans «Sweet dreams», qui pourtant débute aussi par une fête mondaine, les masques finissent par tomber en fin de soirée. Michel, ni héros ni antihéros, annonce devant les invités tétanisés qu'il va quitter sa femme pour recommencer une nouvelle vie. En une fraction de seconde, tout bascule, tout se brise. «Ce qui m'intéresse, ce n'est pas l'événement final, mais la cascade d'événements, les drames du quotidien, cette incroyable capacité que l'homme peut avoir de ne pas être au cœur de sa vie et de ses émotions», relève le metteur en scène.

Contrairement au premier épisode où il a fallu inventer une histoire pour donner un sens à «Platonov», le deuxième acte, plus proche du texte de Tchekhov, se suffit à lui-même. Le travail d'adaptation ayant été moins important, il a été possible d'aller plus loin dans la rythmique, la respiration du texte, les personnages. «Nous développons aujourd'hui l'alphabet que nous avons appris ensemble l'an dernier. Si le premier acte avait certains défauts de jeunesse, pour le second j'ai pris confiance, j'ai lâché prise», confie-t-il. Avant de conclure: «Je ne me suis jamais senti aussi proche d'un spectacle, de manière très intime.» /CGR

Neuchâtel, théâtre de la Poudrière, demain et vendredi à 20 heures. Réservations 032 725 05 05

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