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Pèlerinage à Los Angeles sur les traces de cadavres non identifiés

28 sept. 2011, 10:56

La police américaine les a baptisés John ou Jane Doe, suivant leur sexe. Ils ont été tués, il y a cinq, dix ou 25 ans. Personne ne les a jamais identifiés. En 2009, Virginie Rebetez, photographe vaudoise de 32 ans, s'est rendue à Los Angeles sur ces scènes de crime. Photographier les lieux de leur mort, comme pour garder une trace de ces individus que la société a oubliés de reconnaître.

Cette série de 25 photographies, intitulée «Visiting Jane», est actuellement exposée au L'OV du Centre d'art Neuchâtel. «Los Angeles était une évidence pour ce projet», explique Virginie Rebetez. «C'est le lieu du crime par excellence, avec tous ses stéréotypes: le cinéma, la criminalité, la police.» Afin de répertorier différentes victimes, elle a longuement surfé sur les archives policières disponibles sur internet. «Souvent, les informations n'étaient pas très précises, j'ai ensuite passé de longues heures sur Google Map pour retrouver les lieux précis des crimes.»

Ces endroits, aujourd'hui, sont des paysages comme les autres. Du sable, quelques arbres, parfois une habitation. «Les crimes ne sont plus visibles. J'allais sur ces lieux comme on se rend en pèlerinage.» Virginie Rebetez s'est elle-même photographiée sur chaque cliché, de dos: «J'avais besoin de contempler la scène, d'amplifier le fait d'être présente sur ces lieux.» Elle est allée jusqu'à revêtir des vêtements similaires à ceux que portaient les victimes: «C'était une manière de me mettre dans les images, de créer un lien, passant par moi, entre les spectateurs qui regardent ces clichés et les victimes. Tous mes travaux évoquent l'identité, la disparition. Ces personnes n'ont pas été identifiées, elles ne sont donc pas vraiment mortes.» En 2008, à Amsterdam, la ville où elle réside, elle photographie des appartements de personnes décédées, très isolées socialement. «J'ai de la peine à accepter ce qui disparaît. J'ai également photographié les bijoux que portaient ces gens lors de leur mort et que la Ville allait revendre pour payer l'enterrement.» Un travail digne des «Experts», comme si la photographe cherchait à garder en mémoire la moindre pièce à conviction. «C'est très forensique, c'est vrai», déclare-t-elle en souriant. «Le travail de la police est également quelque chose qui me fascine.»

Centre d'art Neuchâtel, jusqu'au 9 octobre, www..l-ov.org

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