Commis à la réalisation de produits «mainstream» plus ou moins réussis depuis le succès de «Ghost Busters» (1984), le cinéaste Ivan Reitman a peut-être recouvré une seconde jeunesse en tournant son seizième long métrage, «No Strings Attached», très bêtement rebaptisé «Sex Friends» pour sa sortie francophone! Bientôt septuagénaire, ce réalisateur américain d'origine slovaque y a en effet étiré un argument typique d'un épisode d'une sitcom destinée aux adultes Soit un fils à papa, juvénile mais un brin empoté (Ashton Kutcher), et une jeune urgentiste agitée surdéterminée (Natalie Portman). Violemment allergique au sentiment, la donzelle impose un pacte au garçon: leur relation sera strictement d'obédience sexuelle avec, comme figure imposée, un coït sans préliminaires, lesquels inclineraient ses performeurs à des accès de tendresse coupable. Transposition à l'horizontale du «buddy movie» cher au film d'action (qui apparie deux êtres dissemblables), cette comédie, déjà flanquée d'un prologue superfétatoire, va prendre un temps infini à nous convaincre que cela ne peut pas marcher!
Au final et sans aucune surprise, les deux protagonistes opteront pour le sentimentalisme rassurant et emmiellé qui dégouline de toute comédie romantique calibrée à Hollywood. Comme toujours, si la parole se déchaîne, la démonstration scandaleuse de l'acte physique en soi est soigneusement évitée ou alors édulcorée de bien piteuse façon. Bref, nous nous sommes très modérément amusés à cette nouvelle variation asexuée du «Dernier tango à Paris» (1972) de Bertolucci. La subversion suprême aurait consisté à ce qu'Emma et Adam réussissent leur pari, mais on peut toujours rêver! Reste le plaisir non dissimulé de regarder Natalie Portman varier les registres avec un talent évident, incarnant ici une jeune femme inhibée du cur, un personnage très éloigné de la ballerine schizophrène du «Black Swan» de Darren Aronofsky!
Neuchâtel, Apollo 3; La Chaux-de-Fonds, Scala 3; 1h48