Sur la scène du temple du Bas, les mots d'oiseau fusent, les instruments volent et un Yves Senn à bout de nerfs casse sa baguette de chef sous prétexte de quelque geste artistique novateur. Bienvenue à «Opus X», l'opéra de Sylvain Muster, spectacle qui brocarde avec bonne humeur les pannes d'inspiration d'un orchestre de musique contemporaine. Pour son traditionnel concert de printemps, à l'affiche du temple du Bas samedi et dimanche, le Chur de l'Université de Neuchâtel s'offre ainsi une uvre composée spécialement par son chef, sur un livret de Michel Beretti, et portée par des solistes internationaux.
Jeu de miroir cocasse
Entre bel canto et tango, dans un joyeux tourbillon de musique classique, de variétés et quelques chuintements expérimentaux, l'opéra s'inscrit en filigrane d'une réflexion sur la création artistique actuelle. En un jeu de miroir cocasse, le public partage les affres des protagonistes d'un théâtre: il y a là Yves Senn, dans son propre rôle, face aux 17 musiciens de l'orchestre; une directrice de théâtre aux abois (Brigitte Hool), un mécène en mal d'amour (Jérôme Billy), une charmante ouvreuse (Sylvia Giepmans), un critique imbuvable (Sylvain Muster) et les spectateurs joués par les 70 choristes. Des chanteurs qui, dans la vraie vie, évoluent à mille lieues des gesticulations artistico-cérébrales d'«Opus X». Fondée par Brigitte Hool, relayée par Sylvain Muster en 2005, la chorale incarne la passion d'amateurs de chant réunis par-delà les générations. Sylvain Muster: «Etudiants, retraités, assistants, profs, amis des amis se retrouvent là, c'est très enrichissant.»
Les concerts de ce chur exigeant sont toujours très attendus, mais l'occasion d'interpréter des uvres inédites est rarissime. Un événement d'autant plus exceptionnel quand il s'agit d'un opéra signé par un compositeur d'ici.
Temple du Bas, samedi à 20h15 et dimanche à 17h; chur.unine.ch. billetterie: 032 717 79 07 (Le Strapontin).