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«On a accueilli Michel Bouquet comme un merveilleux cadeau»

Représentant la Suisse dans la prochaine course aux Oscars, «La petite chambre» confronte une jeune infirmière en deuil périnatal à un vieil homme se refusant à l'inéluctable. Propos de Stéphanie Chuat, coréalisatrice d'un premier long-métrage de fiction qui a déjà profondément ému le public du Festival de Locarno.

19 janv. 2011, 11:01

Stéphanie Chuat, vous avez coréalisé «La petite chambre» avec Véronique Reymond, mais ce n'était de loin pas votre première collaboration…

Véronique et moi, on se connaît depuis l'enfance! A l'école, nous suivions les mêmes classes. A l'adolescence, nous avons joué ensemble dans notre première pièce de théâtre.

C'est vraiment le théâtre qui a créé notre amitié. Nous avions toutes les deux le désir d'être comédienne. On s'est donc formé à ce métier ensemble. Puis nous sommes passées à un autre stade en écrivant de concert nos propres pièces de théâtre.

Toutes les deux, vous avez commencé par le théâtre. Qu'est-ce qui vous a conduites à faire aussi du cinéma?

Nous avons commencé par intégrer des supports filmiques dans nos spectacles. Puis, de fil en aiguille, nous avons réalisé plusieurs courts-métrages, un documentaire sur le Gymnase du soir de Lausanne, et encore un autre consacré à Howard Buten, alias Buffo, qui va d'ailleurs faire tout prochainement l'objet d'une édition DVD. Mais le cinéma n'est pas devenu pour autant notre occupation exclusive, nous continuons à faire régulièrement du théâtre.

Quelle est la genèse de «La petite chambre», votre premier long-métrage de fiction?

Tout a commencé par un concours d'écriture organisé sous l'égide de la Télévision Suisse romande. Le but consistait à développer des thématiques qui puissent intéresser le public romand. En 1997, nous avions déjà traité le thème du rapport intergénérationnel dans notre spectacle «Mémé» et cela nous intéressait de repenser ce thème, mais en termes cinématographiques cette fois. De là est née l'idée d'une amitié entre une personne âgée et une infirmière en soins à domicile. Notre projet n'a pas été retenu, mais l'on nous a octroyé un petit soutien à l'écriture qui nous a permis de continuer… C'est alors que les personnages de Rose et d'Edmond ont vraiment pris corps, avec cette complicité dans une souffrance rentrée, secrète.

Comment vous est venue l'idée de confier le rôle d'Edmond à Michel Bouquet, véritable monument du cinéma et du théâtre français?

Nous avons cerné le personnage d'Edmond, sans penser à un comédien particulier. Quand on a fini d'écrire, on s'est demandé quel acteur avait le côté hiératique, presque dur, d'Edmond, avec, en même temps, ce côté malicieux, ce sens de la repartie… On a assez vite pensé à Michel Bouquet, tout en sachant que l'on avait très peu de chance de l'obtenir, car il refuse en général la plupart des rôles qu'on lui propose. A notre grande surprise, il a dit oui. Nous avons pris ça pour un merveilleux cadeau, qui nous a permis de lancer la production du film.

Pour les personnages de Rose et de Marc, son mari, vous avez aussi réussi, à notre sens, le casting parfait…

Quand nous avons rencontré Michel Bouquet, il nous a tout de suite confié que ça n'allait pas être facile de trouver une actrice pour le rôle de Rose, un personnage qui, selon lui, devait avoir «beaucoup d'intégrité». Peu après, par notre directrice de casting, on a entendu parler de Florence Loiret Caille. Elle était en train de tourner «Je l'aimais» sous la direction de Zabou Breitman qui était très élogieuse à son sujet. On l'a rencontrée. Au premier regard, elle était Rose!

En fait, Eric Caravaca, dans le rôle de Marc, c'est le seul acteur auquel nous pensions déjà au stade de l'écriture. On l'avait repéré depuis longtemps.

Comment se comporte Michel Bouquet sur un plateau de tournage?

Il accorde sa confiance à l'instinct, comme il le dit lui-même. Il ne nous a jamais fait sentir qu'il avait tourné dans plus de septante films, qu'il avait été dirigé par les plus grands cinéastes. Il devenait Edmond et personne d'autre! C'est seulement à la fin de la journée de tournage, en le retrouvant «en civil», qu'on prenait conscience que l'on avait Michel Bouquet en face de nous, c'était fascinant!

Dans un tournage, il y a toujours de bons et de «moins bons» moments. Si vous ne deviez retenir que le meilleur?

C'est difficile à dire, tant nous avons été comblées!

En tout cas, l'un des moments les plus intenses a été le tournage de la scène dans la petite chambre proprement dite. Je me sentais tellement prise par le jeu des acteurs que je n'arrivais plus à dire «coupez»! /VAD


Réalisatrices:
Stéphanie Chuat, Véronique Reymond
Genre: comédie dramatique
Durée: 1h27
Age: 10 ans, suggéré 14
Avec: Michel Bouquet, Florence Loiret Caille, Eric Caravaca, Joël Delsaut, Valérie Bodson, Fabienne Barraud, Frédéric Landenberg.
Cinémas: Bio, Neuchâtel; Scala 2, La Chaux-de-Fonds.
Rencontres: projections en présence des deux réalisatrices samedi à 17h45 au Scala, à La Chaux-de-Fonds; samedi également à 20h30 au cinéma Bio, à Neuchâtel.

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