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Michel Crespin, le pape des arts de la rue, passionné d'espace ouvert

Surnommé «le pape des arts de la rue», Michel Crespin sera demain soir au Club 44, à La Chaux-de-Fonds, en guise de coup d'envoi à la Plage des Six-Pompes. Ce comédien, metteur en scène et scénographe urbain présentera un parcours d'images retraçant l'évolution des arts de la rue ces trente dernières années. «J'ai découvert les arts de la rue en 1973, lors de la première édition du festival «Aix, ville ouverte aux saltimbanques». ça a été un choc. Je n'ai plus quitté la rue depuis.» Michel Crespin a le verbe fluide et dense. En guise de coup d'envoi à la Plage des Six-Pompes, il fera profiter demain le public du Club 44, à La Chaux-de-Fonds, de ses talents de conteur au cours d'une conférence-performance intitulée «la ville est une scène à 360°». Durant un peu plus de deux heures, le fondateur du festival de théâtre de rue d'Aurillac montrera au public des images retraçant le parcours des arts de la rue ces trente dernières années. Le tout accompagné d'une foule de commentaires et d'anecdotes.

18 juin 2008, 12:00

Car de nombreux défis se présentent à l'artiste de rue, qu'il soit comédien, metteur en scène ou auteur. Le premier d'entre eux, c'est l'environnement. Dans la rue, l'artiste doit composer avec un décor déjà existant, qu'il n'a pas choisi. Mais celui que l'on a surnommé «le pape des arts de la rue» refuse de parler pour autant de contrainte. «La rue est un espace ouvert, partagé avec le public. Cela élargit le champ des problèmatiques», explique le metteur en scène. «L'artiste s'inscrit dans le réel, au milieu des milliers de signes préexistant, qu'il s'agisse de la lumière, des sons, de la configuration de l'espace, etc.» Plus que d'une contrainte, il s'agit donc d'un enjeu, celui de rajouter un signe parmi des milliers d'autres. Michel Crespin insiste aussi sur la possibilité d'avoir un espace de jeu mobile, déambulatoire. «Tout est possible, même d'avoir un rapport esthétique à 130 km/heure.»

Le spectacle de rue pose aussi la question du rapport au public. «Dans la rue, le spectateur est libre de suivre ou non le spectacle», résume le scénographe. D'autant plus que le public populaire est très diversifié. «C'est un véritable tour de force de retenir tout le monde.» Michel Crespin possède une photographie qui illustre à merveille cette problématique: «Un pépé bouche bée, qui tient dans ses bras un môme aux yeux écarquillés. Les deux sont fascinés par le spectacle auquel ils assistent. ça montre bien l'éventail culturel très large qui existe pour les arts de la rue.»

Outre l'aspect artistique se posent aussi des questions d'ordre économique. Les spectacles de rue étant généralement gratuits, les artistes sont rémunérés soit au chapeau, soit selon le bon vouloir des collectivités publiques. Fervent opposant au libéralisme, Michel Crespin répond par une anecdote: «J'ai un jour monté une baraque foraine. Les phénomènes que j'y présentais étaient des acteurs déclamant du répertoire classique, comme un tour de force. L'accès au parterre était le plus cher, suivi des places au promenoir, tandis que le poulailler était gratuit. Eh bien, la plupart des spectateurs voulaient des places au parterre, alors que c'était du poulailler que l'on voyait le mieux. Les gens ont un étrange rapport à l'argent...»

Michel Crespin connaît-il la Plage des Six-Pompes, dont la quinzième édition débutera le 4 août? «Bien sûr!», répond l'intéressé. «Manu Moser (réd: programmateur du festival et comédien) a été l'un de nos apprentis à la Faiar (lire encadré). J'ai assisté à une édition de la Plage.» Mais le metteur en scène sera absent cette année. «A cette date, je serai à Amiens, pour voir un autre apprenti qui joue là-bas.» / NHE

La Chaux-de-Fonds, Club 44, jeudi à 20h00
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