Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Masochisme de la rédemption

27 nov. 2009, 10:44

Acteur et réalisateur, Albert Dupontel poursuit une double carrière qui ne peut laisser la critique indifférente. Inégal lorsqu'il joue dans les films des autres, alternant le meilleur («Louise-Michel» de Benoît Delépine et Gustave Kervern, «Le président» de Lionel Delplanque) et le moins bon («Odette Toulemonde» d'Eric-Emmanuel Schmitt, «Deux jours à tuer» de Jean Becker), Dupontel a par contre réalisé à ce jour plusieurs films qui lui confèrent un statut très original dans le paysage par trop balisé du paysage cinématographique français. De «Bernie» (1996) à «Enfermés dehors» (2006) en passant par «Le créateur» (1999), cet ex-étudiant en médecine a fait preuve d'une verve comique indéniable, où le masochisme le plus cru le dispute à une misanthropie galopante!

Quatrième long métrage de son auteur, «Le vilain» voit un gangster ambitieux et très peu scrupuleux (Dupontel lui-même) se réfugier chez sa vieille mère qu'il n'a plus visitée depuis belle lurette, histoire de se faire momentanément oublier de la police. Interprétée par une Catherine Frot vieillie, mais au sommet de son art, la brave mémé saisit cette occasion inespérée de faire rentrer son délinquant de fils dans le droit chemin… Elle s'y emploie avec un entrain si sadique qu'elle en devient mille fois plus «vilaine» que son pauvre fiston! L'affrontement prend alors des proportions dantesques, alors même que sa victime redevenue un modèle de piété filiale essaye de la protéger contre les manigances d'un promoteur véreux (sublime Bouli Lanners)…

A l'image des autres films dont Dupontel est l'auteur complet, «Le vilain» fonctionne sur la trouvaille et l'excès, d'où son rythme inégal, parfois presque bricolé. Partant, certaines idées atteignent un nirvana de non-sens digne des Monty Python, comme celle de filmer une scène à travers le regard subjectif d'une… tortue! D'autres tombent à plat très vite et s'étirent alors piteusement. Le tout forme un drôle d'objet cinématographique, une comédie façon Capra, dans laquelle un Buster Keaton confus viendrait semer le bordel plus ou moins à propos.

On hésite sans cesse entre le ratage benêt et la réussite troublante et c'est ce qui rend peut-être ce «Vilain» si attachant!

Neuchâtel, Apollo 2; 1h26

Votre publicité ici avec IMPACT_medias