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Marie Schwab: «Si je n'étais pas musicienne, je ferais du collage»

29 juin 2011, 15:38

Ce soir au centre Dürrenmatt, le Nouvel Ensemble contemporain (NEC) clôturera une saison riche en événements à haute valeur ajoutée. Pour l'occasion, carte blanche a été donnée à Marie Schwab, altiste titulaire de l'ensemble.

Au carrefour des arts, la musicienne, qui a notamment étudié à Neuchâtel, invitera le public à s'interroger sur les sons perçus et leur relation avec la mémoire. Sculptant l'espace offert par le centre, l'altiste interprétera en solo «Amnésie», œuvre qu'elle a elle-même composée, et «Four», quatuor de Cage qui sera interprété en compagnie de Carole Haering, Jonas Grenier et Esther Monnat, autres membres du NEC. Rencontre avec une musicienne pour qui la communication est au centre de l'acte musical.

Si vous deviez être citée dans un dictionnaire de la musique, qu'aimeriez-vous lire?

Je n'étais pas préparée à cette question. Avant tout, je suis une instrumentiste. J'aime être dans la matière du son. Dans ce sens, on peut dire que je fais de la sculpture. D'ailleurs, si je n'étais pas musicienne je ferais du collage ou du recyclage. J'aime l'aspect communicatif de la musique.

Quelles sont vos influences?

Elles sont diverses. On peut dire qu'en premier lieu, il y a Bach. J'ai ensuite beaucoup évolué dans le milieu du rock alternatif. Dans ce domaine, j'aime beaucoup Fred Frith qui symbolise la musique de l'instinct, de la spontanéité proche du langage de la musique contemporaine. Dans un certain sens des musiciens tels que Frith sont très rassembleurs, ils contribuent au rapprochement des genres.

J'aime également les musiciens qui mélangent les disciplines. Georges Aperghis avec le théâtre musical entre dans ce que je recherche au niveau de ma démarche. Et bien évidemment, il y a John Cage.

Justement, comment vous situez-vous face à lui dans ce concert?

C'est avant tout lui rendre hommage. C'est quelqu'un de fondateur qui au-delà d'être un compositeur était un artiste à part entière. Beaucoup critiqué par les musicologues, il n'a pas la place qui devrait être la sienne dans l'establishment de la musique savante. C'est un magicien qui dans un certain sens a frustré pas mal de musiciens. J'espère être dans une sorte de continuité.

Dans le programme, «Amnésie» porte le qualificatif de composition instantanée, pourquoi ne pas appeler cela improvisation?

L'œuvre est construite sur des sons que j'ai enregistrés et que j'ai ensuite mis en forme. Par cet aspect, on peut parler de composition. Cependant, je joue sans partition. L'œuvre peut être interprétée une deuxième fois sans pour autant être identique à la première interprétation.

Vous parlez d'un concert en trois dimensions. Quelles sont-elles?

Outre la dimension musicale, la vidéo tient un rôle important. La troisième dimension symbolise l'idée. J'aime que les gens se laissent aller, choisissent à leur guise une clé d'entrée dans l'œuvre. J'ai envie de parler du phénomène sonore dans son voyage entre la perception et la résonance que peut en faire le cerveau. Cage a lui-même travaillé cette relation.

Neuchâtel
Centre Dürrenmatt, ce soir à 19h, infos:
www.lenec.ch

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