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«Ma vocation c'est la joie. Je ne suis pas une prostituée de la comédie»

Après la richesse et les paillettes, Steven Gunnell, ancien membre du boysband français Alliage, a connu le goût amer de l'anonymat. Proche du suicide, la foi l'a sauvé. Il témoignait samedi à Delémont.

26 oct. 2009, 12:14

Cheveux courts, bouc discret, tenue décontractée. On peine à reconnaître le Steven Gunnell des années 1990 qui faisait chavirer le cœur des adolescentes au sein du boysband français Alliage. A 22 ans, il connaît la célébrité, la richesse. Un monde de paillettes qui prend abruptement fin en 1999. Dépression, alcoolisme, dettes. Il touche le fond. Mais il finit par se relever grâce à la foi. Aujourd'hui, à 35 ans, Steven Gunnel est un fervent catholique. Il ne jure que par l'amour du Christ, sa femme et ses deux enfants. Il raconte son expérience dans des livres et en témoigne en public. Il mène en parallèle une carrière d'artiste (voir encadré). Il était samedi à Delémont pour témoigner, dans le cadre de «Fête Eglise».

Qu'est-ce qui vous pousse à témoigner de votre conversion?

L'amour du Christ. C'est le moteur de ma vie, le déclencheur de chaque élan. Un amour comme celui-ci, on ne peut pas le garder pour soi. Certains l'expriment de façon plus radicale, en devenant prêtre. Mais moi qui suis marié et père de famille, je l'exprime à travers des récits.

Vous n'avez pas peur que cela soit associé au prosélytisme?

Le prosélytisme, c'est sortir dans la rue avec des banderoles ou entrer chez les gens sans qu'ils vous aient invité. Moi, je propose. Mes livres, libre à chacun de les acheter. Et pour mes témoignages, ce n'est pas moi qui ai appelé Christophe (réd: assistant pastoral qui l'a invité) ou les autres.

Comment passe-t-on de l'ivresse de la célébrité aux murs d'une église?

J'ai touché le fond: la conséquence d'une vie sans vertu. A 22, 23 ans, malgré le luxe, il y avait une soif d'être, de vie, à laquelle rien ne répondait. A 25 ans, c'est la traversée du désert, tout est remis en question. Tu es envahi par un sentiment d'échec. J'étais surendetté. Le fisc ne me lâchait plus. J'ai pris la fuite, à Londres. Et là, je me suis rendu compte que le monde était insupportable. Certains s'en relèvent, d'autres pas. Je partais vraiment à la dérive, j'avais des tendances suicidaires.

Qu'est-ce qui vous a détourné du suicide?

Maman. Elle s'est aussi remise en question. A 55 ans, elle était au chômage depuis 15 ans. Elle savait que son fils unique était alcoolique, dépressif et suicidaire. Elle a commencé à prier pour moi, pendant un an, sans que je le sache. Quand je l'ai appris, je suis revenu dans le sud de la France et j'ai rencontré le prêtre avec qui elle avait parlé. Je me suis confessé. Je l'ai vécu avec beaucoup de foi, sans chercher à comprendre. Et là, miracle! Plus d'alcool! Et surtout, je suis toujours envie.

Comment se traduit votre foi dans la vie quotidienne?

Lorsque j'étais célibataire, j'avais plein de temps. Je faisais des retraites spirituelles, j'allais aux messes quotidiennes, je lisais beaucoup, la Bible, les vies des saints. Maintenant, avec une famille, ça se cantonne à quelque chose de plus pauvre: une prière le soir en famille et les messes dominicales.

Votre carrière actuelle est également très tournée vers la foi. Un choix?

Je travaille avec les gens qui veulent travailler avec moi. On me propose le rôle de Jésus, de Jean Paul II, je prends.

Et si on vous proposait de jouer un assassin?

Ce serait un choix difficile. Il faudrait que ce soit par exemple un assassin qui trouve la rédemption. Ma vocation, c'est la joie, avant d'être artiste. Je ne suis pas une prostituée de la comédie. Ça, c'est quand j'étais un merdeux. Je dois penser à l'impact que cela aurait sur les autres: est-ce que ça les choquerait, leur ferait du mal? Je dois aussi penser à ma femme. Je ne me verrais pas accepter un rôle où je ferais l'amour à une autre. Si cela me vaut ma carrière artistique, tant pis.

Que vous inspirent des émissions comme «Star Academy» ou «Secret Story»?

Ça montre qu'on a plus tendance à choisir le mensonge que la réalité, le mensonge du paraître, de l'illusion. Je suis devant la caméra, donc j'existe. Aujourd'hui, vous demandez à un gamin ce qu'il veut faire dans la vie et il répond: «la Star Ac'». C'est un drame! Et on continue à consommer ça. Plus on cherche le scandale, plus on aime. On aime ce qui est mal. La conversion est urgente. Donc, tant que je peux répandre ce message d'amour, je prends. /ANC

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