Au Festival de Cannes, il y a des séances où les gens se lèvent et plongent aussitôt le nez sur l'écran de leur portable. Mais ce dimanche, à la première projection de "Ma vie de Courgette", les applaudissements ont accompagné tout le générique de fin et duré près de dix minutes. Sur scène, le réalisateur valaisan Claude Barras et sa scénariste Céline Sciamma savouraient l'accueil réservé à leur bébé. Ce premier long métrage d'animation a visiblement conquis le public de la Quinzaine des réalisateurs.
"Merci de rappeler aux parents qui l'auraient oublié qu'un enfant, on l'aime même s'il pue des pieds et même s'il fait des bêtises", a lancé une dame d'âge mûr, en parlant d'une "œuvre extraordinaire". "Magnifique !" : l'adjectif est revenu plusieurs fois dans la bouche de divers spectateurs. "J'avais un peu les yeux en sueur", confiait l'un d'eux. Une éducatrice spécialisée avouait avoir pleuré à plusieurs reprises durant la séance, qui a aussi par moment secoué la salle de rires. Signe que Barras a parfaitement su doser les émotions, dans cette histoire a priori pas franchement gaie d'un orphelin qui se refait des copains dans un foyer.
"L'émotion, on la puise en nous-mêmes, dans ce qu'on a pu vivre dans notre enfance et dans les valeurs qu'on a envie de transmettre", confiait Claude Barras, avec sa douceur coutumière. Sûr qu'il n'est pas au bout de ses émotions : une nouvelle vague de bonheur l'attend en fin d'après-midi avec la deuxième projection du film.
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