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Les vanités heureuses de Juan Martinez

Juan Martinez, artiste espagnol de renommée internationale, revient exposer à la galerie Numaga quarante ans après son premier passage. On y découvre des toiles coup de poing où la couleur vibre et où les symboles interrogent une humanité dense de significations.

15 oct. 2009, 05:50

C'est avec un air de malice teinté de sérieux que Juan Martinez se promenait dans l'exposition samedi dernier, quelques minutes avant l'ouverture de son vernissage. «Ici, mes œuvres respirent», confie-t-il. Datant presque toutes de ces quatre dernières années, vingt-neuf toiles sont exposées, dont plusieurs ont un format monumental, occupant les deux salles de la galerie Numaga, à Colombier.

Il a à peine 22 ans. Fraîchement diplômé de l'Ecole supérieure d'architecture de Barcelone, Juan Martinez poursuit ses études à l'Ecole cantonale des beaux-arts de Lausanne quand il est exposé pour la première fois. C'était à la galerie Numaga, en 1968 à Auvernier. Depuis, quarante et une années se sont écoulées et Juan Martinez a zigzagué à travers le monde, se forgeant une renommée solide, enrichissant les collections du Guggenheim à New York mais aussi celles d'autres prestigieux musées et galeries, notamment à Budapest, Los Angeles, Madrid, Berlin en passant par Paris, Düsseldorf et Boston, pour ne citer qu'eux.

Le langage que déploie Juan Martinez se lit premièrement dans la couleur, souvent pure et franche, puis dans les motifs qui cadrent ses évidences chromatiques. L'aspect tonique de ses courbes, de sa touche, il le doit à une préparation minutieuse dans ses carnets de croquis ce qui lui permet une exécution rapide à l'acrylique. Parmi les formes récurrentes, on retrouve des crânes, des échelles, des visages figés, et aussi des empreintes digitales disproportionnées. Mais surtout la lettre T, omniprésente, qui pour l'artiste revêt plusieurs significations: «Une tête, c'est d'abord un ovale avec un T à l'intérieur. Il y a aussi le T du Tao qui synthétise la vie et la mort et la représentation de l'homme dans la philosophie chinoise. Quand j'utilise le T, je fais une métaphore, je joue à ce jeu de vie et de mort... Par le fait de l'incliner, je bouleverse l'ordre établi (réd: l'horizontalité et la verticalité). C'est ma manière de défier la mort, de lui ôter son tragique.»

Derrière cette dualité se cache le moteur de l'œuvre, son prétexte à peindre: «Je suis intéressé par l'humain, par la complexité de celui-ci. Je le vois comme une machine à faire le bien ou le mal, oscillant entre sa bêtise énigmatique et son intelligence suprême. Je voudrais qu'il ait le courage de se déshabiller, de toucher à ce qui fait mal et cherche à l'éclaircir. Se mentir revient à créer la peur… Je préfère la vérité qui blesse que le mensonge qui tue.»

Les œuvres de Juan Martinez sont maintenues dans une espèce de fermeté, propre à son dessin tendu, fini, rythmé. Il captive par le pouvoir évocateur de son répertoire de symboles et leur charge de vie. Dans son cortège de vanités, l'artiste dégage une énergie primale, une sorte de don d'empathie qui accroche le regard et pousse à l'introspection. /PXS

Colombier, galerie Numaga, du mercredi au dimanche de 14h30 à 18h30. Jusqu'au 22 novembre. www.numaga.ch

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