Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Les réseaux de Vannotti

06 juin 2011, 07:10

La moue est agressive. Face à cette huile et acrylique sur papier intitulée «Yo Landy visser», les scènes alternatives de Jean-Thomas Vannotti se déclinent en femmes cagoulées, torses nus scintillants. Sur les murs de la galerie Une à Auvernier, l'étrangeté, et le trouble, montent encore d'un cran avec «Tyler the creator», autre visage dissimulé sous une cagoule, verte, qui se détache sur un paysage strié d'inquiétantes lueurs mauves.

Représenter le réel

«Le contraste chromatique, c'est ce qui m'a plu dans cette image», explique le peintre, rencontré dans son atelier à Colombier. Cette image, comme les autres, Vannotti l'a puisée sur la Toile, dans les profils Facebook ou Myspace de performeurs, de rappeurs, d'artistes liés à la musique electro, des univers qui pour lui sont devenus une source d'inspiration récurrente.

Cette image, Vannotti l'a ensuite reproduite fidèlement puisque, autre constante, il a fait de la représentation du réel, de la mimesis, l'un des enjeux de son travail. «Je suis fasciné par les natures mortes des peintres du siècle d'or hollandais. Par la façon dont ils ont su restituer la transparence du verre, les reflets sur les métaux par exemple.»

Apparenté au photoréalisme, «école» du détail extrême et par conséquent de la lenteur, l'art de Vannotti s'exprime, aussi, de façon plus instantanée. En témoigne le travail présenté à la Une, des portraits pour l'essentiel, sur des supports, bois, papier, aggloméré, eux aussi plus «bruts» en apparence.

L'artiste se fait le reflet d'un monde contemporain qui va vite, de «phénomènes» culturels qui pour être planétaires n'en sont pas moins éphémères. «Sur le Net, le buzz se crée autour de certains artistes; Yo Landy par exemple, la chanteuse de Die Antwoord, est devenue une figure charismatique, de même que Tyler, un jeune rappeur de la côte Est. Ces engouements m'intéressent.»

Recherche plus sobre

Un grand smiley éclabousse de jaune le mur du fond, en guise de clin d'œil au mouvement acid house, aux années 1980-1990. Mais à l'image du monde lui-même et de chaque être humain, Vannotti, 37 ans, vit ses mutations, ses évolutions. Cette expo, annonce-t-il, marque pour lui la fin d'une époque, d'une série thématique en grande partie nourrie par ses goûts musicaux. Fidèle à son médium, la reprise d'une image préexistante, il envisage maintenant de travailler sur ses propres photos, sur des thèmes, les paysages par exemple, puisés dans son environnement. «Je dirais que je quitte ce monde post-ado, un peu tape à l'œil, pour m'orienter vers une recherche plus sobre, plus mature», dit-il sans se départir de son calme. «Progresser, s'instruire, ça prend du temps. Comme dans les arts martiaux que je pratique.»

info+
Auvernier: galerie Une, jusqu'au 18 juin. Me-sa, 14h-18h; di sur rendez-vous.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias