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Les périples harmoniques de la saxophoniste

«Yodo Gimi», le premier album de la saxophoniste Juliane Rickenmann sera verni demain soir au théâtre du Pommier à Neuchâtel. Rencontre sur fond de notes bleues.

22 sept. 2010, 11:03

«Dans ce métier, on doit y croire.» Et y croire encore. En près de vingt ans, Juliane Rickenmann a su déployer une énergie impressionnante pour développer le jazz qu'elle affectionne. Un jazz articulé autour de compositions personnelles complexes, mais que la saxophoniste neuchâteloise et ses acolytes de «8:30» bichonnent sans cesse pour qu'il sonne plus accessible. «C'est un peu comme lorsque tu écoutes Franck Zappa, tu as le sentiment que tout est simple», sourit le bassiste Pierre Kuthan. «Mais lorsque tu analyses, c'est d'une richesse et d'une complexité dingue.» «Je ne cherche pas à faire compliqué», poursuit Juliane Rickenmann. «Au moment de composer, je pense simplement à une histoire. Ce n'est qu'ensuite, en posant sur le papier, que je me rends compte des difficultés.»

Fortement inspirée par le jazz des années 1970 du Brésilien Hermeto Pascoal mais aussi de Wheater Report, Juliane livre une musique riche en harmonies. «Je sais que ce n'est pas forcément ce qui marche le plus aujourd'hui. Du coup c'est peut-être risqué. Mais comme vouloir vivre du jazz est déjà forcément risqué....» De ses premières armes musicales avec une clarinette, «mes doigts étaient trop petits et se prenaient dans les trous», Juliane passe au piano et par l'Ecole de jazz et de musique actuelle avant de goûter aux plaisirs du saxophone. C'est avec ce dernier et un peu poussée par lui qu'à 18 ans, elle quitte la Suisse pour l'Australie. «C'était mon deuxième instrument au Conservatoire à Montreux», raconte la jeune femme de 36 ans. «Mon prof de l'époque m'avait conseillé de l'apprivoiser avant de revenir une année plus tard.»

A Melbourne, elle gagne sa vie en se produisant dans la rue et dans quelques clubs. «Melbourne était loin d'être la Mecque du jazz. Ça n'allait pas assez vite pour moi...» Un jazzman japonais lui conseille de prendre son baluchon et de rejoindre le Japon. «J'y ai travaillé les standards avec de tout jeunes et talentueux musiciens». Le reste de son temps, Juliane le passe à travailler entre les clubs et la rue. «A Kyoto, dans le quartier de Gion, l'un des plus anciens, je travaillais devant les clubs de jazz et les salles de karaoké. Les activités étaient contrôlées par la mafia et la police laissait faire. Je devais payer un «impôt» pour jouer. Un foulard rouge signalait que l'on était en «règle».

Après le Japon, Juliane met le cap sur New York où elle a le privilège de laisser filer ses notes au côté notamment de Denis Charles, l'un des pères du freejazz. Quelques voyages en Chine, Inde et Thaïlande plus tard, la saxophoniste revient finalement en Suisse dix ans après son départ. «Je voulais arrêté de fuir.»

Depuis son retour, elle n'a pas chômé. En plus des animations qu'elle assure et des quelques cours qu'elle donne, elle a travaillé sur plusieurs projets dont «Stramonium» et «Onirical Blend» ainsi qu'aujourd'hui «8:30». Un projet qu'elle vit avec Olivier Magarotto (piano) Pierre Kuthan (basse) et Marc Olivier Savoy (batterie). Les artistes qui partageront avec elle la scène du théâtre du Pommier. /YHU

Concert et vernissage de «Yodo Gimi», Neuchâtel, théâtre du Pommier, demain à 20h30. www.julianerickenmann.com

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