Qu'est-ce qu'une «préquelle»? Derrière ce néologisme anglais francisé se dissimule la volonté toute hollywoodienne d'exploiter au maximum les grandes séries à succès. De fait, il s'agit de raconter ce qui a bien pu se passer avant que vos héros favoris ne s'adonnent à leurs exploits. Souvent, ce retour en arrière explicite des motivations restées secrètes. Les trois premiers épisodes de la saga «Star Wars» réalisés après les trois derniers en constituent l'exemple canonique sur le plan cinématographique.
Dans la trilogie «grand écran» du «comic book» créé en 1963 par Stan Lee et Jack Kirby, il est fait grand cas du duel paranormal auquel se livrent Magneto (alias Eric Lehnsherr) et le professeur Xavier (alias Charles Xavier). Pour ceux et celles qui auraient raté ces trois épisodes, rappelons que les X-Men sont des mutants doués de pouvoirs spéciaux très mal considérés par les êtres humains. Certains galonnés appelant même à leur éradication définitive.
Agressivité et pacifisme
En réaction, certains mutants entraînés par Magneto se défendent de façon très agressive, alors que d'autres, sous la bannière du bon professeur Xavier, essayent de faire valoir leurs droits de façon pacifique. Une séquence du second volet réalisé par Brian Singer pointait déjà l'origine de ce dualisme dans le fait que le sieur Eric Lehnsherr a réchappé pendant son enfance à la Shoah. Sorti vivant de cette épreuve, il a grandi en craignant que pareil sort ne se répète pour les mutants et est donc déterminé à conjurer cette sinistre perspective par tous les moyens
Explication de la crise des missiles
La préquelle «X-Men: le commencement» repart de cette séquence fondatrice puis saute dans les années soixante où nous retrouvons le futur Magneto à la poursuite de son bourreau nazi, un mutant devenu milliardaire et qui se voue à saboter les relations entre l'Union soviétique et les Etats-Unis (c'est lui qui ourdit la crise des missiles à Cuba). C'est dans ce dessein vengeur qu'il décide de faire équipe avec le futur professeur Xavier (qui a déjà sous son aile quelques jeunes élèves mutants) Réalisateur de «Kick-Ass» (2010), où il parodiait avec talent la naïveté «ontologique» du superhéroïsme, le Britannique Matthew Vaughn réussit à préserver la part sombre de la série, tout en faisant preuve d'une grande élégance dans la reconstitution d'époque.
De Matthew Vaughn, avec Michael Fassbender, James McAvoy, Kevin Bacon