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Les méfaits de l'écologie

Quoi de commun entre Gaston Lagaffe et Planet Ranger? Leur fibre écologiste et leur monstrueuse maladresse. Quand le combat écolo devient un danger pour la planète…

11 juil. 2009, 08:31

Que la BD s'intéresse à l'écologie, ce n'est pas nouveau. Les fables pleines de bons sentiments du sympathique «Broussaille» de Frank et Bom nous l'assurent depuis plus de vingt ans. Mais Gaston Lagaffe depuis plus longtemps encore. Une réédition des histoires les plus «vertes» du plus illustre des gaffeurs, bombardé mascotte de l'écologie mondiale, vient nous le rappeler d'une façon qui frise par moments le contresens. De fait, que Gaston soit écolo lorsqu'il vient jouer du gaffophone à proximité des chasseurs de baleines, afin de faire fuir leurs proies, ou lorsqu'il prône l'usage du cheval en agglomération, ou encore lorsqu'il milite contre le tabagisme, nul ne saurait en douter. Mais l'est-il encore lorsque sous prétexte d'abandonner l'essence, il roule au charbon et noircit la moitié de la ville? Lorsqu'il fait son café à l'eau de mer parce qu'il n'y a pas d'eau courante sur la plage? Lorsqu'il lâche d'un seul coup devant la rédaction de «Spirou» tous les gaz d'échappement accumulés par son vieux tacot en une journée? Il est permis d'en douter! La débrouillardise et l'opposition de principe aux solutions banales de la modernité ne sont pas nécessairement écologiques et les éditeurs de ce «nouveau» Gaston qui ne nous apporte aucun inédit font preuve, au-delà d'un sens certain de l'opportunité commerciale, d'un singulier manque de sensibilité envers ce qui fait tout le prix de la vision du monde du roi des gaffeurs: son prodigieusement poétique sens de l'inutile.

Parallèlement paraissent au Lombard les tordantes aventures de «Planet Ranger», «l'écolo le plus con de la planète», comme nous en préviennent d'emblée ses auteurs: un véritable danger public, en effet, qui brûle les forêts avec son monoplace après avoir interdit aux campeurs d'y pique-niquer, massacre les papillons pour éviter l'effet du même nom, sabote les opérations chirurgicales sous prétexte qu'elles utilisent trop d'énergie et est prêt à fermer les yeux sur les agissements du Ku Klux Klan si ses membres replantent des hectares de forêt en compensation des soirées aux flambeaux (génératrices de CO2) qu'ils organisent. Au-delà de la satire, une invitation à savoir raison garder qui fera sans doute réfléchir plus de lecteurs que les récupérations forcées de Gaston Lagaffe. /ACO

«L'Ecologie selon Lagaffe» (anthologie), André Franquin (scénario et dessin), éd. Marsu Productions, 2009. «Planet Ranger», Janssens (scénario), Julien /CDM (dessin), éd. du Lombard, 2009

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