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Les limites réductrices d'un certain idéal

Médecin ayant épousé la cause humanitaire, Anton partage son existence entre le Danemark, où il vit avec son fils, et un camp de réfugiés en Afrique. Au moment où son gosse prend un très mauvais pli, le praticien va se révéler fort démuni. Oscar du meilleur film étranger pour la réalisatrice danoise Susanne Bier que l'on a connue plus subtile.

16 mars 2011, 11:38

Ancienne zélatrice du «Dogma» cher à son compatriote Lars Von Trier, qui prônait un retour ascétique à la chasteté cinématographique, la cinéaste Susanne Bier a développé depuis lors une œuvre remarquable qui fouaille avec une saine cruauté dans nos relations interhumaines. Depuis 2002 et «Open Hearts», elle a fait preuve d'une science remarquable dans le désamorçage glacial de situations à haut risque mélodramatique. Au gré d'une filmographie déjà abondante, deux films nous ont littéralement sidérés. Il s'agit de «Brother» (2004) où Susanne Bier a su porter à la plus froide incandescence une rivalité fraternelle entre un casque bleu parti en mission en Afghanistan et son frère voyou resté au pays, et de l'éprouvant «After The Wedding» (2006) qui contraignait un travailleur humanitaire à revenir au Danemark pour recevoir un don généreux pour son ONG, son retour prenant des allures de cauchemar!

Pour son onzième long-métrage, la cinéaste joue une fois encore sur la confrontation difficile et douloureuse d'un idéal lointain et du réel domestique, au point que ce qui constituait auparavant un véritable tour de force dramatique sent aujourd'hui un peu trop la formule toute prête à resservir! Séparé de sa femme, de laquelle il songe à divorcer, Anton (Mikael Persbrandt) voit son fils aîné âgé de 10 ans filer un bien mauvais coton. Alors qu'il est brutalisé à l'école, Elias (Markus Rygaard) est secouru par Christian (William Jonk Nielsen), un garçon plus âgé que lui, qui le prend sous sa protection. Les deux gosses se lient d'amitié, en deviennent même inséparables, jusqu'au jour où son protecteur, dont la mère vient de mourir du cancer, l'entraîne dans une entreprise de vengeance singulière, qui va mettre en jeu des vies humaines. Forcé de réagir, le père d'Elias n'hésitera pas à écorner sa belle noblesse d'âme forgée par son expérience dans l'humanitaire…

Gommant toutes les aspérités humaines, qui faisaient le sel de ses longs métrages précédents, la réalisatrice réduit ici son propos à une série de dilemmes moraux qui ne rendent guère justice à la complexité du comportement de ses protagonistes. Saupoudrez cette réduction d'une large pincée de world music dégoulinante et vous obtiendrez le mélodrame lacrymogène que la cinéaste s'était sans doute juré de ne jamais faire jusqu'alors. A croire que Susanne Bier a formaté son film pour l'obtention de l'Oscar du meilleur film étranger… Voyons, vous n'y pensez pas! /VAD


Réalisatrice:
Susanne Bier
Genre: mélodrame
Durée: 1h50
Age: 14 ans
Avec: Michael Persbrandt, Trine Dyrholm
Cinémas: Rex, Neuchâtel; Scala 3, La Chaux-de-Fonds

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