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Les couleurs planétaires de la musique noire

Parmi ses «panoramas» thématiques, le 25e Festival international de films de Fribourg propose une section intitulée «Black Note». Une sélection de 14 films pour nous rappeler que nos amours, nos colères, bref, notre vie, se déclinent sur une bande-son largement faite de «notes noires»…

23 mars 2011, 11:49

Blues, gospel, jazz, rock'n'roll, reggae, salsa, rumba, biguine, zouk, bossa-nova, soul, funk, r'n'b, rap… Si vous n'écoutez jamais aucune de ces musiques, c'est que vous êtes un extra-terrestre. Ou que vous avez bloqué votre compteur temporel quelque part au siècle de Louis XIV, avant que l'âme africaine n'ait eu le temps de métamorphoser la honte de l'esclavage en une source musicale intarissable.

Et voilà Chuck Berry qui soudain n'en revient pas d'entendre à la radio un jeune groupe californien, les Beach Boys, lui pomper riff et mélodie de «Sweet Little Sixteen». La chanson s'appelle «Surfin' USA». Nous sommes en 1963. Et aussi dans le film «Cadillac Records», présenté dans le cadre de «Black Note» à Fribourg. «Cadillac Records», un film réalisé par une Afro-Américaine, Darnell Martin, qui rend hommage à un blanc, Leonard Chess, fondateur avec son frère du label Chess Records à Chicago, grand promoteur de la musique noire… Muddy Waters, Little Walter, Howlin' Wolf, Etta James, Chuck Berry, c'est Chess. Champ de coton et guitare au bord du Mississippi, harmonica, flingues et alcool à Chicago. Le blues est là, qui se métamorphose en rock'n'roll, sous nos yeux.

Bien sûr, au cinéma, les biographies musicales sont rarement des chefs-d'œuvres. On n'y croit rarement tout à fait. L'image projetée sur écran ne coïncide complètement ni avec l'image qu'on s'était déjà projetée dans notre cerveau, ni avec la réalité. Pourtant «Cadillac Records» a un charme indéniable. «Souvent, c'est vrai, les biographies sont décevantes, si on pense par exemple à 'Ray', ou à 'Dreamgirls'. Je crois que ce n'est pas un problème spécifique à la musique, mais à l'art en général», constate Roland Hélié, responsable du panorama «Black Notes».

Et de prendre l'exemple de «Bird», de Clint Eastwood, également présenté à Fribourg, portrait cinématographique du saxophoniste Charlie Parker. «A propos de Charlie Parker, les gens vont dire 'drogue, invention du be-bop, difficultés raciales, revendications politiques'etc. Mais avant tout, c'est un homme qui passait cinq ou six heures par jour le bec entre les lèvres. Et cela, ça n'est pas cinégénique, ce n'est pas dramaturgique. Pareil si on veut raconter la vie de Flaubert: c'est un type qui passait son temps à une table de travail et qui rencontrait sa maîtresse six fois en deux ans. C'est très difficile, de filmer ça! Les biographies d'artistes sont souvent décevantes parce qu'elles s'intéressent davantage à la légende, aux anecdotes, alors que ce sont des vies de travail», ajoute Roland Hélié.

Au-delà de la stricte biographie, une fiction peut aussi s'inspirer de la forme musicale qu'elle évoque, comme le moite, bluesy et sexué «Black Snake Moan» de Craig Brewer, ou «Mo' Better Blues» de Spike Lee.

Mais «Black Notes» propose une majorité de documentaires, qui nous emmènent du Congo («On The Rumba River») au Mali («Teshumara, les guitares de la rébellion touareg» de Jérémie Reichenbach) en passant par les Etats-Unis («Mississippi Blues» de Bertrand Tavernier, «The Blues accordin' to Lightnin' Hopkins» de Les Blank) ou la Jamaïque avec le film du réalisateur suisse Stascha Bader, «Rocksteady, the Roots of Reggae». Une jolie plongée dans la Jamaïque des sixties en compagnie de ceux qui, en ralentissant le tempo du ska, la musique jamaïcaine d'alors, en firent le rocksteady, qui devint reggae avec une reconnaissance planétaire à la clé. /BLE

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