Connus dans le monde entier pour leurs pièces de théâtre, Eugène Ionesco (1909-1994) et Friedrich Dürrenmatt (1921-1990) partagent une autre passion, plus secrète, celle de la peinture et du dessin. Partant de leur amitié et de leurs modes d’expression communs, le Centre Dürrenmatt Neuchâtel (CDN) propose un éclairage inédits sur les deux dramaturges à travers leurs peintures et lithographies.
Friedrich Dürrenmatt dessinait comme il écrivait, perfectionniste jusqu’à l’obsession. Fasciné par le procédé physico-chimique de la lithographie, il voulait tout connaître, tout maîtriser. Epuisant pour l'imprimeur de l'atelier Erker à Saint-Gall qui avait les mains pleines de cloques à force de poncer les pierres des estampes de l'artiste.
Ionesco, lui, s'est mis à la peinture à la fin des années 1960 "fatigué par le vacarme des mots". L'art relève du sacré pour lui. Appliqué, recueilli, il trace ses figures primitives avec la crainte respectueuse d’un enfant face à un totem magique. «C’est la main qui peint, c’est pas la tête», s’émerveillait l’auteur de «Rhinocéros».
Dans un entretien à lire samedi 11 juin dans L'Express et L'Impartial, Marie-France Ionesco, fille unique de l'écrivain, évoque ce père "naïf sur le plan technique, peu habile" malgré sa grande culture artistique. Ce père aussi qui, quand elle était petite, lui lisait "Le Grand Meaulnes" à la bougie pour restituer l'atmosphère du livre.
Infos pratiques: Neuchâtel, Centre Dürrenmatt, du 12 juin au 11 septembre. Vernissage aujourd’hui à 17h, www.cdn.ch
A ne pas manquer: «Fête de théâtre»: le 2 juillet de 16h à 22h, parcours commenté avec les metteurs en scène Omar Porras («La visite de la vieille dame"), Isabelle Matter («Rhinocéros») et Fredy Porras, scénographe
des deux pièces.