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Les 50 ans d'Astérix vus par les archéologues

Voici un demi-siècle que le petit Gaulois moustachu façonne notre vision du monde celtique. Cinq décennies durant lesquelles les archéologues ont réécrit l'histoire de nos ancêtres. Démêlons le vrai du faux.

29 oct. 2009, 10:33

Il est tout petit, alors que les guerriers celtes impressionnaient les Romains par leur forte stature. Il ferraille avec une lame miniature, quand les vrais Gaulois combattaient les légionnaires de César avec des épées nettement plus longues que celle des Italiens.

Il chasse dans la forêt pour se nourrir, alors que les Celtes de son époque vivaient des produits de l'agriculture, et mangeaient plus de céréales que de viande d'élevage. Et presque jamais de sangliers.

A bien des égards, Astérix ne ressemble plus du tout aux vrais Gaulois que décrivent les archéologues d'aujourd'hui. Et pourtant, depuis près de cinquante ans, ce petit personnage sympathique est devenu l'incarnation du guerrier celte. Le jubilé est d'ailleurs célébré avec la sortie d'un nouvel album (réd: à découvrir dans notre édition de samedi) constitué d'histoires brèves, qui viendra rappeler ce 29 octobre 1959, quand un petit moustachu, dopé à la potion magique, a distribué ses premières baffes dans le magazine «Pilote».

Depuis un demi-siècle, Astérix marque les imaginaires des enfants et contribue à maintenir des clichés vieillis dans les esprits de générations d'élèves davantage influencés par les cases de la célèbre BD que par les plus récentes publications savantes. Et pourtant, les archéologues de l'Université de Lausanne (Unil) ne lui en veulent pas.

«Les albums d'Astérix, surtout ceux de l'époque où Goscinny et Uderzo travaillaient ensemble, sont formidables, même s'il ne faut pas les lire comme un livre d'histoire», apprécie Thierry Luginbühl, professeur à l'Unil, où il dirige l'institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité. «Nous sommes très reconnaissants aux auteurs d'avoir inventé des personnages aussi attachants, et d'avoir créé des images qui popularisent cet univers. Car ces images nous donnent un bon point de départ pour expliquer ce qu'était vraiment le monde celtique.»

Précision qui a son importance: Goscinny et Uderzo n'ont pas réinventé un univers celte à leur propre sauce. Ils se sont beaucoup documentés, et ont notamment lu les auteurs antiques qui nous parlent des Gaulois. A Jules César, ils ont emprunté l'idée que les Belges étaient les plus courageux des Gaulois. Avec Diodore de Sicile, ils ont appris que les Celtes portaient de longues moustaches qui leur couvraient la bouche. Et Pline leur a fourni le titre d'un album, «La serpe d'or», avec son récit de la cueillette du gui par les druides. /JRO-La Liberté

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