«Apollo: le grand jour s'est levé» titre «L'Express», alors journal du soir en ville de Neuchâtel. Nous sommes le mercredi 16 juillet. La puissante fusée Saturn V décolle à 14h32 heure locale de Cap Kennedy (aujourd'hui Cap Canaveral). A bord, Neil Armstrong, Edwin «Buzz» Aldrin et Michael Collins sont les trois astronautes retenus par la Nasa pour mener à bien cette mission. Il est 20h32 en Suisse.
A La Chaux-de-Fonds, «L'Impartial» promet à ses lecteurs des pages spéciales tout au long de la mission. «Figureront en outre sur les panneaux de notre vitrine, le programme du vol et les derniers documents photographiques en provenance de l'espace», indique le quotidien en «une» du 16 juillet.
«Le vaisseau spatial Apollo 11 a pris un bon départ et fonce vers la Lune», titre le journal des Montagnes en «une» le lendemain du décollage. «Dans un océan de flammes, la fusée a, pendant neuf secondes, tremblé sur ses bases, puis...» sous-titre pour sa part «L'Express» le même jour. Et de nous préciser que Neil Armstrong a lancé, juste avant la mise à feu, un «merci beaucoup. Nous savons que ce sera un voyage excellent. Jusqu'à présent, ce fut un parfait compte à rebours». La fusée a décollé, note «L'Express», avec un retard... 724 millièmes de secondes précisément!
«L'Impartial» relate aussi le fait que les téléspectateurs soviétiques auront droit à un reportage de 45 minutes sur le départ d'Apollo 11. «Ce qui est un temps inhabituellement long pour un exploit spatial américain», souligne le quotidien du Haut. La presse écrite moscovite restant, elle, muette sur le sujet.
Les commentateurs, en ce début de mission Apollo, ont affiné leurs plumes. «Cette épopée n'est pas celle de trois cosmonautes (sic) et de quelques milliers de techniciens, elle est celle de 600 millions de téléspectateurs qui, hier, sont partis, accrochés à Saturn, pour vivre et découvrir les secrets de cette formidable expérience», écrit, avec lucidité, Pierre Kramer dans «L'Impartial». «Cette présence des caméras sera l'une des manifestations les plus symboliques de ce voyage.»
Dans «L'Express», Robert Aeschelmann se lance: «Aujourd'hui, le rêve le plus fou en apparence devient réalité.» Et de s'interroger sur le futur: «L'homme qui va poser son pied sur la Lune, c'est l'humanité entière qui avance au lieu de piétiner dans le contentement de soi. Il dépend d'elle que la marche en avant soit radieuse et ne tourne pas à la tragédie», conclut le commentateur des deux quotidiens du chef-lieu cantonal. /DAD