Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Le manager et la terre promise

12 janv. 2011, 11:52

En compagnie de ses collègues Eytan Fox, Avi Mograbi, Shira Geffen, Eran Kolirin, Amos Gitaï et autre Shlomi Elkabetz, le réalisateur Eran Riklis contribue depuis une bonne décennie à l'étonnante vitalité de ce cinéma israélien qui écorne l'«image officielle» avec une ténacité remarquable. Avec «La fiancée syrienne» (2004) puis l'admirable «Les citronniers» (2008), ce natif de Jérusalem a usé de la fable en toute intelligence pour dénoncer le règne de l'arbitraire qui tient trop souvent lieu de politique dans son pays déchiré. Prix du Public au dernier Festival de Locarno, «Le voyage du directeur des ressources humaines» poursuit sur le même mode, mais de manière plus universelle, moins locale. Paradoxalement, la force de son film s'en trouve un brin altérée, même si celui-ci restitue l'ironie mordante du roman d'origine d'Avraham B. Yehoshua.

Divorcé et directeur des ressources humaines d'une boulangerie industrielle de Jérusalem, le protagoniste du huitième long-métrage de Riklis déteste son métier. La tuile qui lui tombe dessus va le rendre encore plus de mauvaise humeur. Une femme est morte dans un attentat suicide. La morgue hérite de son cadavre que personne ne vient réclamer… Grâce à une fiche de paie retrouvée sur elle, la victime est enfin identifiée. Un journaliste s'émeut du fait que l'entreprise qui l'employait ne s'est guère émue de son absence. Convoqué par sa supérieure, le DRH est sommé d'éteindre au plus vite la polémique qui enfle. Après enquête, il découvre que l'inconnue est une immigrée roumaine que l'on avait licenciée quelques mois auparavant, sans l'en avertir! En maugréant, le DRH est contraint de ramener en personne la dépouille en Roumanie, histoire de redorer le blason de l'entreprise…

A ce stade, le film tient encore la route. Fidèle au livre de Yehoshua, il attaque au vitriol la symbolique de «terre promise» attachée à Israël. Las, le périple picaresque du DRH à l'étranger tourne vite à la banale rédemption, donnant matière à un voyage initiatique qui le fait peu à peu abandonner sa posture cynique et remettre en question ses conceptions étriquées des relations humaines, ce qui ne constitue pas un mal en regard de sa profession, mais est un peu trop beau pour être vrai! /vad


Réalisateur:
Eran Riklis
Genre: comédie
Durée: 1h44
Age: 10 ans, suggéré 12
Avec: Mark Ivanir, Guri Alfi
Cinémas: Apollo 3, Neuchâtel

Votre publicité ici avec IMPACT_medias