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Le Machu Picchu, citadelle inca menacée par les touristes

Jusqu'à 2500 touristes visitent chaque jour le Machu Picchu. Pour préserver son joyau touristique de l'époque inca, le gouvernement péruvien a dû prendre des mesures parfois impopulaires, mais nécessaires. Le soleil se lève sur le Machu Picchu, en ce 21 septembre 2007, 6h20 du matin. Un spectacle unique. Le calme qui règne encore sur l'ancienne cité perdue des Incas ajoute au mystère du lieu. Un charme qui sera bientôt rompu par la horde de touristes avides de marcher sur les pas du peuple du soleil? En moyenne, jusqu'à 1900 aventuriers se perdent chaque jour dans ses ruines.

22 oct. 2007, 12:00

En août dernier, période correspondant à la haute saison touristique, la masse critique de 2500 visiteurs quotidiens, fixée par l'Institut national de la culture (INC) de Cusco, dans son plan directeur de 2004, était fréquemment dépassée. Inquiétant, d'autant que cette limite est basée sur l'état physique des sentiers ou encore la durée moyenne des visites guidées sur le site.

Neuf heures du matin au Temple du Soleil, l'un des points forts d'un circuit au sanctuaire. Ce lieu sacré surplombe la grande Place principale. Les apprentis archéologues se tiennent debout autour de la guide. Dans ce secteur, il est en effet interdit de s'asseoir sur les murets. Ils pourraient s'effondrer. Et chaque écart de conduite - boire et manger est strictement interdit sur le site - ou simple intrusion dans un secteur barré est réprimandé par l'un des contrôleurs de service. Sur le site, qui a tendance à s'affaisser à cause du ruissellement, ils se partagent des secteurs.

Dix heures du matin, devant la porte sommaire qui barre l'entrée au Huayna Picchu, une longue file d'attente colorée s'est formée. Randonneuse hollandaise, professeur australien armé de sa caméra, jeunes voyageurs suédois, Américaines en vadrouille, tous ont la même envie: accéder à ce complexe archéologique pour jouir d'un point de vue imparable sur le Machu Picchu. Bien informés, ces touristes font patiemment la queue pour figurer parmi les 400 chanceux du jour qui emprunteront le sentier escarpé qui grimpe à travers une dense végétation. Sur recommandation de l'Unesco, le Pérou limite en effet l'accès à ce secteur pour mieux le protéger. «Certes, ce n'est pas la solution idéale, mais comment gérer ce problème», questionne Rony Villalobos Melendez, un jeune guide local.

Pendant ce temps, à Aguas Calientes, petit village posé au pied de la montagne, le train, parti à l'aube de Cusco, décharge son lot quotidien de visiteurs «à la journée». Le train représente l'un des deux moyens, avec la marche, pour rejoindre le site inca. Les plus courageux, reconnaissables à leurs chaussures de marche et à leurs visages marqués par l'effort, ont choisi la randonnée. En quatre jours, sur le Chemin de l'Inca, et sans bâtons de marche - interdits car ils usent les pierres -, ils ont atteint le Machu Picchu. Là aussi, c'est la cohue. Seules 500 personnes (entre randonneurs, guides et porteurs) sont admises chaque jour au départ de la randonnée de 33 kilomètres.

«Il faut réserver sa place jusqu'à une année à l'avance durant la haute période touristique», informe Wilman Villalobos Melendez, directeur de l'agence Opus World Peru, à Cusco. «Pour novembre, la moitié du mois affiche déjà complet. Et quand tu dis à un touriste qu'il n'y a plus de place sur le Chemin de l'Inca, il préfère aller ailleurs, en Bolivie où c'est moins cher, au Brésil ou encore au Mexique», se lamente l'agent de voyage.

Avec l'élection du Machu Picchu, en juillet dernier, comme l'une des sept merveilles du monde moderne, des estimations alarmistes pensent que le nombre de visiteurs va tripler. De quoi inquiéter les scientifiques: «Il existe un danger réel de destruction et de détérioration», affirmait l'archéologue Luis Lumbreras, ancien responsable de l'Institut national de la culture (INC) dans le quotidien «La Republica». Le Machu Picchu serait-il aujourd'hui victime de son succès? Un siècle après sa découverte, l'ancienne cité perdue des Incas n'a toujours pas révélé tous ses secrets. Tout au plus laisse-t-elle aux touristes goûter, un court instant, à la magie d'un lieu hors du temps. /DBE-La Liberté

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