A la base des pièces écrites par l’Anglais Dennis Kelly, il y a l’humain. Ses personnages, ce sont vous, nous, eux, mais surtout, ils sont ce que chacun d’entre nous pourrait devenir si… Si quoi? Qu’est-ce qui nous donne l’élan de commettre l’irréparable, d’effacer l’éthique de notre vocabulaire, de devenir celui ou celle qui fait la une des rubriques faits divers?
Dennis Kelly n’a certainement pas la réponse, mais il donne à voir dans son œuvre l’être humain sans filtre, dans tout son sentiment de puissance destructrice, ses travers moraux, son besoin de reconnaissance ou sa velléité dominatrice.
Un seul-en-scène complexe
Jeudi, au Casino du Locle, l’actrice française Constance Dollé se glissera dans la peau de l’unique personnage de «Girls and Boys», pièce imaginée par le dramaturge britannique. Un seul-en-scène complexe, «pas facile à jouer», d’après les mots de la metteure en scène Mélanie Leray.
En effet, Constance Dollé ne peut compter que sur son jeu pour donner corps à l’histoire déroulée par la pièce. Une histoire en apparence… sans histoires. Le public suit cette femme qui raconte sa rencontre avec son mari dans une file d’attente d’aéroport, parle de ses enfants, de ses recherches d’emploi, du monde du travail…
Le tout autour d’une table dressée pour un souper entre amis, auquel sont toujours conviés quatre ou cinq spectateurs, qui doivent réserver à l’avance. Un rôle qui a permis à Constance Dollé de rafler le Molière 2019 du seul-en-scène.
Drame impensable
«Au début, le personnage est plutôt comique, il parle d’amour, de l’énergie qu’il communique, d’épanouissement professionnel…», dépeint Mélanie Leray. Mais voilà, la pièce est signée Dennis Kelly. «C’est un auteur malin. Il y a plusieurs ‘couches’ d’écriture dans ses œuvres, comme dans les polars. Ici, ça part sur de la comédie, puis ça se termine en tragédie. C’est une illustration de la manière dont tout peut basculer une fois qu’on dépasse ces moments où tout va bien.»
Dans «Girls and Boys», ce dépassement se traduit par un drame impensable. Mais nous n’en dirons pas plus.
Au-delà de l’histoire en elle-même, la pièce évoque la question de la violence masculine. «Ce texte est très féministe, il évoque l’égalité hommes-femmes, la masculinité toxique, traite des questions de genres», conclut Mélanie Leray.
Casino du Locle, jeudi 6 février à 20h30. Réservations au 032 931 53 31.